Bannir les cryptos, une vision à court terme – C’était en mai 2021. La Chine fait alors une déclaration fracassante en interdisant le minage de Bitcoin sur son territoire. Le pays n’en était pas à son coup d’essai, bien sûr, ayant déjà plusieurs fois banni le Bitcoin selon l’humeur du jour. Mais, cette fois-ci, le marché l’a pour ainsi dire mal pris, dévissant à l’époque de plusieurs dizaines de milliers de dollars en l’espace de deux semaines. Pour reprendre sa course de plus belle quelques mois plus tard. Toutefois, la Chine pourrait bien finalement être prise de remords. Décryptage.
Crypto ban, la Chine s’en mort les doigts ?
Tourner le dos à une révolution technologique en devenir n’est jamais un choix judicieux. La France et son précieux minitel en sont l’exemple parfait. La Chine, de son côté, pourrait bien suivre un chemin similaire en interdisant Bitcoin et les cryptos. En effet, sur le court terme, le choix pourrait paraitre judicieux pour le gouvernement. Il écarte ainsi un potentiel concurrent à sa monnaie numérique, le e-yuan, et assure un peu plus son contrôle. Mais en termes de domination géostratégique future, dans le duel qui les oppose aux États-Unis, l’affaire ne semble pas si belle.
En interdisant le minage de Bitcoin, la Chine a perdu une grande part de sa domination dans le contrôle du réseau. Part qui a migré’ en grande partie au Texas, en plein cœur du territoire de son grand rival, les États-Unis. Un minage qui s’est d’ailleurs trouvé être une manne financière et un appui dans la gestion du réseau électrique texan, n’en déplaise aux détracteurs de ces fermes de minage.
Et ces remords, Huang Yiping, ancien membre du comité de politique monétaire à la Banque populaire de Chine (PBoC) commence à les exprimer haut et fort. Pour lui, le gouvernement chinois devrait réfléchir une nouvelle fois sur la question du ban des cryptos. Le principal sujet étant : ce ban est-il soutenable sur le long terme ?
Lors d’un discours au mois de décembre dernier concernant le futur de la FinTech chinoise, il commence en effet à émettre certains doutes. Un ban permanent des cryptos pourrait engendrer une série d’opportunités technologiques manquées. Comprenant notamment les apports potentiels de la blockchain et de la tokenisation dans le système financier traditionnel.
Ban chinois, vers un retour en arrière ?
« Bannir les cryptomonnaies est peut-être pratique sur le court terme, mais déterminer si ça l’est aussi sur le long terme mérite une étude approfondie. »
Huang Yiping
L’ancien officiel s’inquiète également de la régulation de cette nouvelle cryptoéconomie qui ne sera selon lui pas simple à trouver. Là-dessus, il n’y a aucun doute en effet. Lorsqu’un nouvel ovni apparait dans le paysage technologique, il faut toujours tâtonner à la recherche de compromis. La régulation européenne MiCa en cours ou les récentes initiatives parlementaires controversées le démontrent.
Toutefois, Yiping insiste sur le fait que le Bitcoin reste selon lui un actif plus qu’une monnaie. Mettant en avant son manque de valeur intrinsèque. Et il remet également le couvert sur la « significante » part du réseau utilisée pour les transactions illégales. En vérité, cette part est d’environ 0,24% pour Bitcoin selon les données de Chainalysis. En effet, quel criminel sain d’esprit irait utiliser l’immense registre public qu’est Bitcoin ? Un véritable livre ouvert dans lequel tout le monde peut regarder ce que tout le monde fait ? Alors qu’en euro ou en dollar, c’est tellement plus opaque et dissimulable.
Mais en bon financier, on ne se refait pas, même avec une vision un peu plus éclairée que ses collègues. Le discours de Yiping est somme toute logique, mais ne doit pas pour autant être tenu pour véridique.
Et si la Chine revenait sur son ban de Bitcoin ? De manière certaine, l’impact sur les cryptos serait plus que positif. Mais ce choix décrédibiliserait une nouvelle fois la Chine sur la scène internationale. Et au sein d’un secteur crypto qui, au gré des mois, lui échappe de plus en plus. Nul doute qu’un jour, sans réaction de sa part, la Chine prendra un retard qu’elle ne sera plus en mesure de rattraper. Tout comme aujourd’hui les géants d’internet sont américains, ceux des cryptomonnaies pourraient le devenir aussi, si les autres régions du monde ne leur laissent pas la possibilité de se développer.
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