Partager
Actu auto

Toyota : une production "made in France" record en 2023

Provocation? Alors que la production automobile française est au niveau de... 1973, le Japonais, lui, vise des volumes historiques cette année sur le site nordiste de Valenciennes, à plus de 280.000 unités. 500 emplois sont transformés en contrats à durée indéterminée. Le petit SUV Yaris Cross a été la voiture la plus produite en France l’an dernier.

réagir
26526_1568896_k4_k1_3623883.jpg
SP/Toyota

Didier Leroy en est fier. L’ex-vice-président exécutif de Toyota et bras droit du PDG Akio Toyoda, le claironne : le petit SUV  "Yaris Cross a été la voiture la plus produite en France l’an dernier ". Il s’en est fabriqué en effet 161.500 en 2022, contre 159.170 Peugeot 3008 et 107.000 Peugeot 308. La Yaris Cross a obtenu le label Origine France garantie contrôlé par le bureau Veritas. Le cahier des charges spécifie que "au moins 50% du prix de revient unitaire est acquis en France"… au niveau de l’assemblage. Celui qui fut le premier responsable industriel du site de Valenciennes (Nord) martèle dans un entretien avec Challenges : "l’usine  aura même transformé 500 postes de CDD (durée déterminée) en CDI (durée indéterminée)"  entre juillet dernier et début 2024. Inédit, alors que Renault et Stellantis ne font que réduire les emplois dans l’Hexagone ! 170 contrats ont déjà été signés. Valenciennes dépassera à terme les 4.000 CDI (sur plus de 5.000 postes).

Le site nordiste de Toyota, qui a démarré sa production en janvier 2001, espère d’ailleurs "battre son record de production cette année à plus de 280.000 unités", selon une source interne. Après 255.000 l’an passé et 262.000 en 2007, l’année historique. Paradoxal, quand les usines tricolores de Renault et Stellantis n’en finissent pas de décroître. La crise des semi-conducteurs ? Valenciennes est beaucoup moins affecté que les sites des constructeurs tricolores. L’usine ne s’est "arrêtée que deux jours en décembre. A part cet arrêt, le site fonctionne sans discontinuer depuis mai 2022", souligne Eric Moyère, porte-parole du site. Les raisons ? Une proximité certaine de Toyota avec ses… fournisseurs japonais. 

22 ans de "made in France"

Toyota s'obstine depuis 22 ans à produire des petits véhicules en France, alors que les rivales de la berline Yaris (Peugeot 208, Citroën C3, Renault Clio) ont été depuis délocalisées. Les principales concurrentes de la Yaris Cross (les SUV Peugeot 2008, Citroën C3 Aircross, Renault Captur) sont aussi fabriqués à l'étranger. Seuls demeurent assemblés dans l'Hexagone la Renault Zoé électrique (à Flins, Yvelines) ainsi que les SUV DS3 et Opel Mokka de Stellantis (à Poissy, Yvelines également). Le "made in France" reste donc possible pour des véhicules réputés à faibles marges. "Les coûts horaires sont un gros souci, mais on est compétitifs", assure Didier Leroy. Et le SUV Yaris Cross, dont la fabrication a débuté en juillet 2021, est "plus générateur de marges que la (berline) Yaris", souligne Eric Moyère. Celui-ci représente désormais les deux-tiers des volumes du site. La berline Yaris, elle, a vu sa production partiellement transférée à Kolin en République tchèque. Cette citadine était jusque là la voiture la plus produite en France, toutes catégories confondues. Un titre remporté en 2020 et 2021. En 2018 et 2019, le SUV Peugeot 3008 était en tête, devant la petite nippone.

Si Toyota s’enorgueillit de produire sur le territoire français des modèles de petite taille dans des conditions rentables, c’est aussi parce que les mécaniques sont, elles, largement... délocalisées. Celles-ci proviennent en effet d'une usine en Pologne, où les coûts salariaux sont trois fois inférieurs à ceux de la France. Quant aux systèmes hybrides et à une bonne partie de l’électronique, ils arrivent du Japon ! Valenciennes ne réalise ainsi au total que "10 à 15% de la valeur ajoutée  totale du véhicule", reconnaît Jim Crosbie, le directeur du site. 85% du coût d’une voiture provient en effet de la mécanique et des fournisseurs extérieurs.

Renault imite Valenciennes

La Yaris était, l'an passé, la onzième voiture la plus vendue en France (31.000 immatriculations, 2% du marché), la Yaris Cross treizième (23.600, 1,5% du marché), selon les chiffres de la PFA (Plateforme automobile). Le groupe Toyota a progressé de 2% l'an dernier en France, avec 6% de pénétration et 113.000 immatriculations. En Europe, le constructeur nippon a crû de 6% avec une part de marché de 7,1%. Il y a écoulé 805.900 unités (voitures particulières seules), d'après l'ACEA (Association des constructeurs européens). Toyota était le sixième acteur automobile sur le Vieux continent. "85% des véhicules vendues en France, 70% en Europe, étaient à motorisation hybride", précise Frank Marotte, patron de Toyota France.

Malgré ses limites, Valenciennes n’en reste pas moins le modèle à suivre, voire à dépasser, pour… Renault, qui s’est engagé à produire ses R4 et R5 électriques en 2024-2025 sur le pôle voisin de Douai. L’ex-Régie a même recruté pour cela, en septembre 2020, Luciano Biondo, qui n’était alors rien de moins que le directeur de Toyota à Valenciennes ! "Il a permis à Toyota de se renforcer en France, d’être compétitif et d’avoir réussi à développer l’emploi sur le bassin de Valenciennes. Espérons que l‘expérience valenciennoise sera bénéfique pour toutes les usines de France du groupe Renault", indiquait même une CFDT enthousiaste, à son arrivée.

 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications