L’usine Toyota de Valenciennes ne travaille pas que pour le marché français. Contrairement à une idée reçue. Son premier client est même aujourd’hui l’Italie ! Celle-ci absorbait en effet l’an dernier "18% de la production du SUV Yaris Cross, le modèle le plus fabriqué, devant la France (17%)", souligne Jim Crosbie, directeur du site, dans un entretien avec Challenges ! Le site a exporté, en 2022, 83% de sa production de Yaris Cross, 82% de celle des petites berlines Yaris. Le troisième client de l’usine nordiste, après l’Italie et la France, est le Royaume-Uni (11%), devant l’Allemagne (9%), l’Espagne (8%), la Pologne (7,5%).
"70% de la production va vers l’Europe de l’ouest", assure Jim Crosbie. Ce qui justifie géographiquement la décision de produire le petit SUV Yaris Cross en France, et non en République tchèque où Toyota possède aussi une usine. "Les coûts logistiques peuvent compenser le surcoût de la main d’œuvre", indique Jim Crosbie. Le site, qui tourne à 1.200 véhicules par jour, dispose d’une capacité totale de production annuelle de 300.000 véhicules, sur "une surface de 30% inférieure aux autres sites comparables", avance son patron. L’usine de Toyota espère battre son record de production cette année à plus de 280.000 unités. Après 255.000 l’an passé. En décembre dernier, les effectifs totaux dépassaient les 5.040 personnes, un record, contre 4.940 au précédent point haut en décembre 2020.
Profit net de 16,5 milliards en vue
En Europe, le constructeur nippon a crû de 6% en 2022 (année calendaire) avec une part de marché de 7,1%. Il y a écoulé 805.900 voitures particulières, d'après l'ACEA (Association des constructeurs européens). Toyota était le sixième acteur automobile sur le Vieux continent. " 70% des véhicules vendus en Europe étaient à motorisation hybride ", précise Frank Marotte, patron de Toyota France. Le groupe y est en pleine expansion. Il a annoncé, début février, une nouvelle ligne d’assemblage de batteries pour véhicules hybrides rechargeables dans son usine turque de Sakarya, où sera produite la deuxième génération du SUV compact Toyota C-HR dont une nouvelle version… rechargeable. L’assemblage de ces batteries débutera en décembre 2023.
Dans le monde, le groupe a pour la troisième fois consécutive conservé son titre de premier constructeur. Toyota a écoulé près de 10,5 millions de véhicules (-0,1%), avec sa marque de luxe Lexus, sa filiale mini-véhicules Daihatsu et le fabricant de poids-lourds Hino. Contre 8,3 millions (-7%) par le groupe Volkswagen et ses douze marques, selon des chiffres publiés mi-janvier. Le groupe nippon mise pour l’année fiscale 2022-23 qui se termine fin mars sur un bénéfice net annuel de 2.360 milliards de yens (16,5 milliards d’euros, -17,2% sur un an), pour un bénéfice opérationnel de 2.400 milliards de yens (16,75 milliards d’euros, -20%) et un chiffre d'affaires de 36.000 milliards de yens (251 milliards, +14,7%). La marge devrait atteindre 6,7%.
Nouvelle présidence en avril
Le constructeur de Toyota City avait affiché sur son exercice annuel précédent (2021-2022, du 1er avril-31 au mars) un bénéfice net historique de 2.850 milliards de yens (20,7 milliards d'euros), en progression de 27%. Soit cinq milliards de mieux que le groupe Volkswagen, sept de plus que Stellantis. Malgré ses difficultés de production, Toyota avait enregistré aussi un chiffre d'affaires record à 31.379 milliards de yens (228 milliards d'euros), en hausse de 15%, avec une marge opérationnelle fort honorable de 9,5%.
Fin janvier, Toyota a annoncé qu'Akio Toyoda, 66 ans, petit-fils de Kiichiro Toyoda (fondateur du constructeur), quitterait ses fonctions de PDG en avril pour devenir président du conseil d'administration. Celui qui dirigeait la firme depuis 2009 cède le fauteuil à Koji Sato, 53 ans, un pur produit maison. Akio Toyoda est le fils de Shoichiro Toyoda, décédé mi-février à l'âge de 97 ans. C'est lui qui avait développé l'implantation industrielle mondiale du groupe. Il avait rejoint l'entreprise en 1952, arrivant aux commandes en 1982. Il avait dirigé le groupe pendant dix ans avant de devenir président du conseil d'administration (1992-1999).