Bitcoin et les stablecoins en faveur d’une adoption massive des crypto-monnaies en Afrique

Pauline Eyebe
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Le continent Africain est considéré par de nombreuses personnes comme le géant endormi de la crypto-monnaie. Cette affirmation s’est confirmée la semaine dernière, lors de la conférence Blockchain Africa organisée à Johannesburg, en Afrique du Sud. 

En effet, au cours de cette conférence, le bitcoin et les stablecoins ont été désignés comme les deux principaux leviers de l’adoption de masse de la crypto-monnaie sur le continent.

Quelques pays déjà ont adopté les crypto-monnaies sur le continent africain. C’est le cas de la République centrafricaine (RCA) qui a adopté, l’année dernière, le bitcoin comme monnaie légale. À ce propos, Marius Reitz, directeur général pour l’Afrique chez Luno, une plateforme de crypto-monnaie, a déclaré que l’adoption du bitcoin en Afrique allait probablement s’accélérer au cours de la prochaine décennie.
Reitz a aussi déclaré : 

” Dans une dizaine d’années, on pourrait se retrouver dans une situation où les pays voisins à la RCA pourraient également adopter le bitcoin comme moyen de paiement légal. “Le bitcoin pourrait devenir une monnaie régionale, voire une monnaie commune à l’ensemble de l’Union africaine.

Rappelons que la plateforme Luno est une filiale de Digital Currency Group, la société mère de CoinDesk.

Un sentiment optimiste pour l’adoption de la crypto-monnaie en Afrique dans un avenir proche

Plusieurs experts sont optimistes sur l’avenir de la crypto-monnaie sur le continent africain. C’est notamment le cas de Jonathan Ovadia, le PDG et cofondateur d’Ovex, une plateforme de crypto sud-africaine. En effet, pour ce dernier, l’adoption des stablecoins se fera plus vite que celle du bitcoin.

Jonathan Ovadia maintient ses propos en dépit de la crise bancaire américaine survenue il y a peu de temps. En effet, cette faillite bancaire a vu l’effondrement des principaux stablecoins à l’instar de l’USDC de Circle. L’intervention du gouvernement américain pour sauver les banques en faillite et rassurer le public a permis au stablecoin de se stabiliser.

Pour soutenir ses propos optimistes, Jonathan Ovadia a affirmé que :

” Le bitcoin est une bonne chose, il ne nécessite pas forcément d’autorisation, il est libre de transfert. Cependant, un salarié africain au salaire minimum ne peut pas y stocker l’intégralité de son patrimoine net “. ” En général, je pense que les stablecoins sont sans doute la plus grande révolution au sein de I’écosystème des crypto-monnaies. “

Lors de la conférence Blockchain Africa, l’accent a davantage été mis sur l’utilité des stablecoins. Au cours de cette conférence, 45 intervenants ont abordé plusieurs sujets qui ont réuni des centaines de participants venus d’Afrique et d’ailleurs. Reitz et Ovadia ont pris part à plusieurs panels, dont le plus percutant était :  “L’avenir des stablecoins” et “L’adoption des crypto-monnaies en Afrique”.

La prolifération des stablecoins en Afrique à l’horizon 2050

Comme mentionné plus haut, l’Afrique est vraiment le géant endormi de la crypto-monnaie. On pourrait considérer le continent comme le géant endormi dans plusieurs domaines, pas seulement celui des cryptos. 

En effet, d’après Maya Caddell, la chef du personnel de la startup Web3 Nestcoin, qui rapoprtait des estimations du Fonds monétaire international (FMI), la population de l’Afrique aura doublé d’ici 2050. Le FMI s’attend ainsi à ce que la population en Afrique passe de 1,3 milliard actuellement à 2,6 milliards. Ce boom démographique contraste avec celui des populations occidentales qui est en déclin constant.

À cet effet, Maya Caddell a déclaré :


“Dans deux ans, un internaute mondial sur six sera africain“,  “D’ici 2050, un jeune sur trois dans le monde, notamment ceux âgés entre 15 et 35 ans, sera africain.

Pour plusieurs experts, on assistera à une explosion d’une multitude de stablecoins adossées à diverses monnaies fiduciaires vers 2050 ou à une autre date future. 

En plus de la prolifération de ces stablecoins, les experts prévoient aussi la croissance de jetons hybrides basés sur les stablecoins et les monnaies numériques des banques centrales (MNBC). Cette révolutionnaire monétaire pourrait se produire en arrière-plan. Ainsi, la population africaine pourrait continuer son train de vie sans se rendre compte de la présence de tous ces jetons numériques.

Les crypto-monnaies sont déjà présentes en Afrique, mais elles restent timides

Il faut rappeler que l’Afrique a déjà accueilli les crypto-monnaies dans le passé et qu’une adoption massive de ces cryptos ne serait pas un nouvel évènement sur le continent. En effet, depuis 2007, deux fournisseurs de plateformes mobiles kényans ont mis sur pied M-Pesa. Il s’agit d’un moyen de paiement, de crédit et d’épargne qui fonctionne à base d’un simple smartphone et ne requiert pas un compte bancaire, encore moins une connexion internet.

Dans le langage courant pratiqué en Afrique, M-Pesa est un service “d’argent mobile”. Aujourd’hui, près d’un tiers d’adultes en Afrique subsaharienne sont titulaires d’un compte d’argent mobile.

L’ennui avec un service d’argent mobile, c’est son manque d’interopérabilité mondiale, ce que le bitcoin et les stablecoins comptent palier

A ce sujet, Maya Caddell explique :

“Il y a beaucoup de nuances dans le système financier africain”. “Pas seulement entre l’Occident et l’Afrique, mais aussi entre les marchés africains. Au Nigeria, par exemple les virements bancaires sont plus courants. Par contre, au Kenya, M-Pesa est le roi et domine, tandis que c’est Momo, l’argent mobile de MTN, qui se taille la part du lion au Ghana.

Théoriquement, les stablecoins et le bitcoin pourraient profiter de la fragmentation du système financier africain. Pour Ovadia, les stablecoins devraient le plus profiter d’une prolifération en Afrique. Pour ce dernier, les stablecoins sont également sont appelés, dans l’avenir, à remplacer complètement le système bancaire traditionnel.

Les services proposés par le bitcoin et les stablecoins devront s’adapter au continent africain

Si les crypto-monnaies souhaitent s’établir et proliférer en Afrique, elles devront d’abord répondre à certains obstacles d’ordre technique et certainement législatif. En effet, la couverture internet en Afrique subsaharienne n’est pas à son apogée, sans compter les coupures d’électricité qui sont récurrentes. À cela, il faut ajouter que la plupart des africains utilisent des smartphones anciens qui doivent être mis à jour pour supporter les technologies des cryptos.

Le portefeuille Bitcoin de Machankura semble avoir trouvé la solution à une partie des problèmes mentionnés plus haut. En effet, ce portefeuille a spécialement été conçus pour les africains qui utilisent encore d’anciens smartphones et qui ne disposent pas d’un accès à Internet.

Ainsi, grâce à ce portefeuille, les utilisateurs de neuf pays africains pourront facilement accéder à la plateforme Bitcoin Lightning à l’aide de leurs téléphones de base. Kgothatso Ngako a déclaré : “Toute personne intéressée par l’utilisation de bitcoins et par la vie en bitcoins devrait pouvoir le faire aisément”.

Parmi les neuf pays africains concernés par ce service, on compte le Nigéria, la Tanzanie, le Kenya, l’Afrique du Sud, ainsi que cinq autres pays. Les habitants de ces pays pourront désormais effectuer des transactions impliquant le bitcoin (BTC) sans besoin d’utiliser un smartphone, ni une connexion internet. Tout ce dont ils auront besoin est un téléphone de base et code envoyé par SMS.