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Ces cinq facteurs qui tourmentent la Bourse

+ VIDEO. Les bourses mondiales viennent de subir une nouvelle semaine difficile. La politique protectionniste de Trump continue d'inquiéter les marchés. Mais ce n'est pas le seul sujet de tension pour les marchés.

Par Pierrick Fay

Publié le 24 mars 2018 à 09:30

Pour la troisième fois depuis le début de l'année, les bourses mondiales connaissent une période de stress. La correction n'est pas aussi violente qu'en février, mais la semaine a été tout de même largement perdante en Europe (-3,05 % pour le Stoxx Europe 600), en Asie (-4,9 % pour Tokyo) et aux Etats-Unis (le S&P 500 a reculé de 5,95%). Les motifs d'inquiétude s'accumulent.

1) Le spectre d'une guerre commerciale

Après l'aluminium et l'acier, place à la Chine et à ses 375 milliards de dollars d'excédents commerciaux avec les Etats-Unis, Donald Trump met chaque jour la barre un peu plus haut en matière de protectionnisme, faisant planer un risque sur la croissance du commerce mondial.

Pour l'instant, les investisseurs en sont encore à s'interroger sur l'impact réel des mesures annoncées par les Etats-Unis contre la Chine. UBS rappelle ainsi que ces 50 milliards de dollars de sanction ne représentent qu'environ 2 % du total des importations américaines.

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Mais les marchés semblent surtout inquiets de la forme plutôt que du fonds. « La façon dont est menée la politique protectionniste américaine accroît le risque d'une escalade préjudiciable », constate ainsi Citi, pour qui « l'utilisation de la sécurité nationale comme justification ouvre un précédent pour les autres pays pour faire de même. »

Pour l'instant, la Chine, comme Bruxelles, ont fait preuve de mesure dans les représailles, mais pour combien de temps. Les négociations avec la Chine ne font que commencer et pourraient durer, selon Tangi Le Liboux chez Aurel BGC. Celui-ci craint d'ailleurs que « Donald Trump, pour maintenir la pression, ne se prive pas de déclarations chocs ou de certains coups d'éclat ». Au risque d'agacer son principal créancier ?

Dans ce contexte, les risques d'escalade augmentent et viennent aggraver un climat international déjà anxiogène en raison des tensions géopolitiques accrues entre le Russie et le Royaume-Uni et entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

VIDEO. La prochaine crise financière est-elle pour demain ?

2) Le consommateur américain payera-t-il la facture ?

Wall Street ne profite pas de la démonstration de force de Trump. Bien au contraire, même si la faiblesse du dollar atténue le choc pour les valeurs américaines. Le protectionnisme peut être en effet une arme à double tranchant. « Le président Trump a donc annoncé qu'il augmentait les impôts des consommateurs américains qui achètent des produits chinois : cela s'appelle des tarifs douaniers », constate Stéphane Déo à La Banque Postale AM. Le risque est donc de voir ressurgir les tensions inflationnistes surtout dans un contexte de plein-emploi aux Etats-Unis. Ce qui forcerait la Fed à agir. D'autant que la politique budgétaire de Trump - et notamment la baisse des impôts - pourrait se solder par une hausse des déficits et de l'inflation.

Même si UBS se veut rassurant et rappelle que « si l'économie mondiale entre en période de tensions commerciales accrues, elle le fait en étant dans une position de forte croissance, alors que 2018 devrait être la meilleure année depuis 2011. »

Selon les projections du Peterson Institute, une guerre commerciale totale pourrait coûter 4,8 millions d'emplois au secteur privé aux Etats-Unis.

3) La reprise n'accélère plus en Europe

L'information n'a pas fait les gros titres, masquée par l'omniprésence de Donald Trump, mais les dernières statistiques sur le climat des affaires dans la zone euro, publiées jeudi, ont été décevantes. « Sur ces 17 indicateurs, 17 étaient en baisse et 16 étaient en dessous des attentes de marché », constate Stéphane Déo. « Bref c'est très mauvais, après des chiffres du mois dernier qui montraient déjà un fléchissement. En conséquence, l'indice de surprise économique européen, qui a été positif les trois quarts du temps depuis 2015, a très nettement plongé. »

Pas de quoi encore remettre en cause la dynamique de croissance de la zone euro, mais c'est un avertissement dont les marchés doivent tenir compte. Car si les chiffres devaient continuer à décevoir, cela pourrait pousser les analystes à revoir, pour la première fois depuis des mois, leurs prévisions à la baisse sur les résultats des entreprises, un soutien important pour les marchés.

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4) Le carburant technologique

Les valeurs technologiques ont été ces derniers mois l'un des principaux moteurs de Wall Street, mais aussi de certaines bourses asiatiques. Depuis quelques jours, ce moteur montre des signes d'essoufflement inquiétants. En une semaine, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont perdu 214 milliards de capitalisation boursière.

La carapace de ces géants de la tech commence à se fissurer, à l'image de Facebook, empêtré dans le scandale Cambridge Analytics, qui fragilise ces groupes dont les utilisateurs sont le principal actif. Les valeurs high-tech chinoise, clairement ciblées par les sanctions américaines sont aussi dans la tourmente. La capitalisation de Tencent a fondu de près de 32 milliards de dollars. Le titre a certes souffert de la cession de 2 % de son capital par le sud-africain Naspers, mais aussi de la volonté affichée du groupe de privilégier à l'avenir ses investissements dans les contenus et la technologie au détriment des marges.

5) Des tensions sur les banques

C'est un indicateur très regardé par les marchés depuis la crise de 2007, car il mesure la confiance des établissements financiers les uns envers les autres : l'écart de rendement entre le Libor, le taux interbancaire et l'OIS (Overnight Indexed Swap), qui représente le taux des banques centrales. Or, le « spread » sur les taux américains s'est écarté depuis quelques jours pour atteindre son plus haut niveau depuis 2009, ce qui laisserait supposer une augmentation du risque au niveau bancaire et donc une moindre propension des banques à se prêter de l'argent. Même si Citigroup ou Morgan Stanley attribuent cette hausse subite du « spread » essentiellement à des raisons techniques, il a sans doute constitué un accélérateur de stress sur les marchés.

Pierrick Fay   

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