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Télécoms

Orange, Bouygues, SFR, Free... 2018, année à haut risque pour les opérateurs télécoms

Nouvelles organisations, expansion internationale, diversifications en cascade : le secteur se prépare à une transformation radicale.

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Conforté Stéphane Richard, PDG d’Orange. Révigoré Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom. Fragilisé Alain Weill, PDG de SFR. Expatrié Xavier Niel, vice-président d’Iliad-Free.

Conforté Stéphane Richard, PDG d’Orange. Révigoré Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom. Fragilisé Alain Weill, PDG de SFR. Expatrié Xavier Niel, vice-président d’Iliad-Free.

Eps/Afp

Après trois mois d’observation, le 20 mars, Alain Weill a pris la parole. Dans une conférence de presse sobre, tenue au siège du groupe, dans le sud de Paris, le nouveau patron de SFR s’est entouré pour l’occasion d’une partie de sa nouvelle garde rapprochée, une équipe de quatre trentenaires, « la plus jeune de tous les opérateurs français », assure-t-il. Organisation reliftée, offres commerciales rafraîchies et simplifiées, cash-flow opérationnel et investissements dans les réseaux en progression : Weill positive.

Après la crise de la fin 2017 et le départ de toute l’équipe dirigeante pilotée par Michel Combes, l’opérateur est sur la bonne voie. Priorité : rassurer. Chaque quinzaine, il passe deux jours en région avec Patrick Drahi, propriétaire d’Altice, la maison mère. Les deux hommes rencontrent les élus, visitent des boutiques, discutent avec les abonnés. Au siège de SFR, le cofondateur d’Altice, Armando Pereira, continue de mettre de l’ordre dans la maison.

« Depuis la fin 2017, nous travaillons à la mise en place de la culture Altice, après avoir été freinés durant trois ans, sans pouvoir prendre les commandes comme nous le souhaitions », confie Alain Weill en faisant allusion à l’obligation faite au groupe de ne pas licencier lors du rachat de l’opérateur en 2014. « Leur stratégie n’est pas plus lisible depuis l’arrivée d’Alain Weill », raille un concurrent. L’intéressé anticipe les critiques : « Patrick est un intuitif et un impulsif. Cela nécessite un peu de temps ensuite pour mettre les choses en ordre de marche, mais la vision est bonne. » Il en va ainsi de la stratégie de convergence entre contenus et réseaux, tant vantée par les dirigeants d’Altice jusqu’en septembre dernier et dont le patron de SFR admet aujourd’hui qu’elle nécessite « des aménagements. »

Cap sur le très haut débit

Cette réévaluation conforte la vision de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, qui a toujours douté de la viabilité financière d’une telle stratégie, dans laquelle Patrick Drahi a déjà investi plusieurs centaines de millions d’euros en achats de droits sportifs et cinématographiques.

Tout juste reconduit à la tête de l’opérateur historique pour un troisième mandat, lui aussi a remanié son état-major. Un ajustement à la marge du comité exécutif qui devra mener la transformation : poursuivre le déploiement du très haut débit dans le fixe et dans le mobile, tout en mettant sur les rails les prochaines diversifications promises par Stéphane Richard. Après l’activité bancaire, lancée en fin d’année dernière, « de nouvelles annonces auront lieu dans le courant de l’année », confie le nouveau secrétaire général du groupe, Nicolas Guérin. Les prochaines initiatives devraient concerner la maison connectée, la cybersécurité, la santé ou encore le secteur de la distribution d’énergie, essentiellement en Afrique, où l’opérateur a de solides positions. Autant de projets qui doivent l’aider à trouver des relais de croissance.

Vivre dans un monde à quatre

Xavier Niel, fondateur d’Iliad-Free, anticipe depuis au moins quatre ans ce tassement de la croissance en France. Fraîchement nommé au conseil d’administration de KKR, l’un des plus gros fonds d’investissement au monde, il a fait une apparition surprise lors de la présentation des résultats de son groupe, le 13 mars. Des résultats inférieurs aux attentes et lourdement sanctionnés en Bourse, notamment en raison de la baisse de rentabilité dans le fixe. Xavier Niel a longuement disserté sur la sortie de la nouvelle box, courant 2018. Mais il sait que la croissance du groupe est ailleurs : en Italie, où il lancera une offre mobile dans les prochains mois, et en Irlande, où son holding personnel NJJ a investi conjointement avec Iliad pour prendre plus de 60 % de l’opérateur historique. L’homme d’affaires lorgnerait également le continent africain.

Pas question de développement international, en revanche, pour Bouygues Telecom. Dans cette période charnière, le quatrième larron du secteur tire son épingle du jeu avec d’excellents résultats financiers qui dépassent toutes les attentes du marché, au terme d’un sévère plan de restructuration. « Nous avons déroulé l’histoire que nous avions écrite en 2014 », exulte son PDG Olivier Roussat. L’opérateur estime avoir « recollé au peloton » dans le très haut débit fixe et se prépare à commercialiser la 5G dès 2020. « Nous ne sommes jamais aussi bons que quand nous battons la mesure, lorsque nous essayons de suivre les autres, ça se passe mal », commente Olivier Roussat, qui estime l’entreprise aujourd’hui bien calibrée pour vivre dans un monde à quatre. La consolidation du secteur n’est pas à l’ordre du jour, assurent dans un bel ensemble, tous les protagonistes. « Nous discuterons le jour où l’un des acteurs sera à vendre », nuance prudemment l’un d’entre eux.

 

Conforté

Stéphane Richard, PDG d’Orange.

Fort d’un chiffre d’affaires et d’un résultat d’exploitation en hausse de respectivement 1,2 % et 2,2 %, il a été reconduit à la tête du groupe. Il compte poursuivre la diversification au-delà de la banque.

Revigoré

Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom.

Avec un chiffre d’affaires en hausse de près de 7 % et un résultat d’exploitation de plus de 27 %, il laisse derrière lui les années sombres. L’opérateur a gagné 2,7 millions de clients dans le fixe et le mobile en trois ans.

Fragilisé

Alain Weill, PDG de SFR.

Chiffre d’affaires en repli de 3 %, perte de 247 000 abonnés dans le mobile en 2017. Le nouveau patron doit aussi regagner la confiance des marchés : l’action de la maison mère Altice a chuté de 60 % en un an.

Expatrié

Xavier Niel, vice-président d’Iliad-Free.

Le chiffre d’affaires progresse encore de 6 %, mais la croissance ralentit. Pour trouver de nouvelles pistes d’expansion, il rêve l’avenir du groupe à l’international : il se lance bientôt en Italie et lorgne l’Irlande.

SOURCES : SOCIÉTÉS, CHALLENGES.

Après des années de rumeurs et de spéculations, les quatre opérateurs ne parlent plus de consolidation du secteur.

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