Ephéméride

Vendredi 22 mars 68, 21 heures : tout commence

Le mouvement qui naît à la faculté de Nanterre mêle la dénonciation de l'impérialisme américain à celle des entraves à la liberté sexuelle

Commémoration : 22 mars 68, quand “tout” commence JOHNSSON PHILIPPE/SIPA.

Par Jean-Marc Daniel

Nous sommes le vendredi 22 mars 1968, sur le campus de la toute nouvelle faculté de Nanterre. Il est 21h. Autant dire que l’endroit est désert. En fait, pas tout à fait. Environ 150 étudiants sont installés dans la salle du conseil des professeurs, là où se réunissent habituellement les instances dirigeantes de la faculté. Ils ont récupéré les clefs par hasard. A priori, leur but est d’exiger la libération des militants d’extrême gauche arrêtés après des actions violentes contre des entreprises américaines menées en solidarité avec les communistes du Sud-Vietnam. En pratique, nombre des [...]

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1 commentaire sur “Vendredi 22 mars 68, 21 heures : tout commence”

  1. Débuts peu enthousiasmants. D'ailleurs, cette « Éphéméride » ne manque-t-elle pas d'allant ? Impression fugace. Au reste, « La France [s'ennuyait] », et l'ennui, à l'instar des bâillements, est communicatif. Ressaisissons-nous. Donc, des étudiants, très peu d'ailleurs, de la faculté de Nanterre, menant de front deux combats d'intérêt fort inégal, s'apprêtaient à dénoncer l'impérialisme yankee concomitamment avec l'intolérable empêchement dont la mixité des dortoirs universitaires était victime. Cinquante ans après, hasardons l'affirmation selon laquelle des pré-révolutionnaires eussent dû éviter de mettre sur un plan identique la protestation solidaire soutenant l'action des résistants sud-vietnamiens (politique pure et dure) et la requête (« sociétale », mot alors dans les limbes lexicaux) d'un confort qui aurait dû être à mille lieues des préoccupations de futurs rebelles, voire même de révolutionnaires en herbe. L'Histoire repasse rarement les plats, à plus forte raison dans les sociétés de consommation, où l'envie de bien-être matériel stimule plus la protection des intérêts du consommateur que la lutte idéologique. L'ennui, tout aussi dangereux que l'oisiveté – ce qu'illustre l'Emma Bovary de Flaubert –, se soigne à l'aide de prises de risques : déterrage (et lancers) de pavés, déportation de grilles ceignant le tronc des arbres (matériaux courants de barricades) et, enfin, le bouquet : cocktails Molotov (du nom d'un Premier ministre russe, prétendant que la Finlande n'était pas bombardée par les Russes, qui servit aux soldats dudit pays à baptiser ces explosifs artisanaux, aujourd'hui bien connus et trop usités) projetés sur les automobiles en stationnement, ou même sur les membres des Compagnies républicaines de sécurité, lorsqu'il se révélerait nécessaire de rétablir l'ordre dans les avenues et boulevards parisiens. Il reste, aujourd'hui, à s'interroger : la France va-t-elle commémorer l'héroïsme de la rébellion estudiantine ? La perspicacité politique du Premier ministre Georges Pompidou ? L'habileté bienveillante à l'égard des manifestants du préfet Maurice Grimaud, qui permit d'éviter ce qu'on nomme inélégamment des « bavures » policières ? L'avenir prochain le dira. Constatons provisoirement que les hyperboles des manifestants d'alors (entre autres, « C.R.S., S.S. »...) furent alors plus violentes et/ou massives que celles observées depuis, et ce, malgré le sang-froid du préfet de police de Paris Maurice Grimaud. Récemment, n'assistions-nous pas dans la capitale, où avaient frappé des terroriste djihadistes, d'inhabituelles fraternisations entre civils et policiers ? Mais il ne s'agissait plus là de rébellions sociétales.