La Bourse saoudienne attire les investisseurs
La Bourse de Riyad bondit de près de 10 % cette année. Dans l'attente de la possible mise en bourse d'Aramco, les investisseurs parient sur l'inclusion du pays dans les indices émergents.
Par Pierrick Fay
A côté des attentes suscitées par l'introduction en Bourse du géant pétrolier Aramco, qui aura lieu en 2018 selon son PDG, Amin Nasser, c'est l'autre dossier chaud pour les investisseurs en Arabie Saoudite : l'inclusion des actions locales dans les indices émergents. Les investisseurs attendent notamment beaucoup de la décision de l'américain MSCI en juin prochain. Elle pourrait être favorable. Le fabricant d'indices avait lancé une consultation auprès de ses clients en juin dernier.
Un premier pas semble devoir être franchi par son concurrent FTSE Russell. Le Britannique pourrait annoncer - dès le 28 mars selon Bloomberg - l'entrée de plusieurs valeurs saoudiennes dans son propre indice émergent. Celui-ci n'est pas aussi populaire auprès des investisseurs que le MSCI Emerging Market (celui-ci sert de référence à des fonds qui gèrent 1.600 milliards d'actifs contre 150 milliards pour l'indice équivalent de FTSE Russell), mais il pourrait permettre d'attirer, déjà, 5 milliards de dollars de flux de la part des fonds passifs sur la Bourse de Riyad, selon EFG Hermes. En octobre dernier, FTSE Russell avait préparé le terrain avec la création d'indices spécifiques à la Bourse de Riyad pour profiter de l'ouverture, depuis 2015, du marché aux investisseurs étrangers.
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Six séances de hausse d'affilée
C'est en tout cas l'espoir des investisseurs qui se sont rués ces derniers jours sur les actions saoudiennes. L'indice Tadawul a ainsi gagné 3 % après six séances de hausse d'affilée. Historiquement, les marchés ont toujours tendance à anticiper les décisions des créateurs d'indices. Selon Bloomberg, les actions locales ont attiré près de 1,5 milliard de dollars de flux nets positifs depuis le début de l'année. Le Tadawul gagne même près de 10 % depuis le début de l'année et a été plutôt épargné par les inquiétudes suscitées par la volonté protectionniste de Donald Trump . L'intérêt commun entre le président américain et le prince Mohammed ben Salman, contre l'Iran , semble en effet protéger le pays arabe contre ce risque.
Suspense jusqu'en juin
En juin dernier, MSCI reconnaissait qu'« en théorie, les autorités saoudiennes ont fait a priori tout ce qu'il fallait faire », pour améliorer les infrastructures de marchés. Mais le suspense devrait durer jusqu'en juin alors que les rapports conflictuels entre l'Arabie saoudite, le Qatar, le Yemen, sans oublier l'Iran pourraient refroidir les clients de MSCI.
Pour le plus gros marché boursier de la région (490 milliards de dollars de capitalisation), ce n'est pas seulement une question de prestige, alors que le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont rejoint les indices émergents depuis presque quatre ans. Face à la nouvelle donne sur les marchés pétroliers, le prince « MBS » a en effet de plus en plus besoin des investisseurs étrangers pour financer son ambitieux plan de réformes économiques (et les déficits qui vont avec). C'est aussi pour cette raison que le projet d'IPO d'Aramco revêt autant d'importance pour Riyad, malgré un certain scepticisme des investisseurs américains.
À noter
Selon Bloomberg, les étrangers ne détiennent encore que 5 % du marché boursier saoudien.
Pierrick Fay