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Aéronautique

Air, Espace : pourquoi les Français et les Russes ont si besoin les uns des autres

Paris et Moscou sont des partenaires incontournables dans le spatial et l'aérien.

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Olivier Andriès, président de Safran Aircraft Engines, au Salon Maks, à Moscou, en juillet 2017. La Russie veut développer une nouvelle génération d’avions civils, à laquelle le groupe français est associé.

Olivier Andriès, président de Safran Aircraft Engines, au Salon Maks, à Moscou, en juillet 2017. La Russie veut développer une nouvelle génération d’avions civils, à laquelle le groupe français est associé.

Vladimir Borodine/Safran

Novo-Ogarevo, près de Moscou, le 31 janvier dernier. Vladimir Poutine reçoit une douzaine de représentants de grands groupes français dans sa résidence privée. Si certains grands patrons ont dépêché leur responsable de zone, comme Renault ou Total, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier et celui de Thales Patrice Caine ont fait le déplacement en personne. Et pour cause : malgré les sanctions contre Moscou, malgré les tensions diplomatiques autour de l’Ukraine et de la Syrie, le secteur aéronautique reste un des piliers de la relation économique franco-russe. Les exportations aéronautiques françaises vers la Russie ont atteint 7,5 milliards d’euros entre 2010 à 2016. Le secteur représente, selon les années, entre 20 et 25% des exportations françaises en Russie.

Certes, Moscou veut sortir de sa dépendance aux avionneurs occidentaux, en développant une nouvelle génération d’avions civils russes, comme le jet régional Superjet et le moyen-courrier MC-21. Mais la Russie reste un gros marché pour Airbus. Plus de la moitié des 232 avions d’Aeroflot ont été fabriqués par l’avionneur européen, et la compagnie russe, qui avait commandé 14 long-courriers A350 en 2010, désire en acquérir 14 autres. Surtout, les nouveaux programmes aéronautiques russes intègrent une bonne part de contenu français. Safran motorise ainsi, en partenariat avec le russe NPO Saturn, le jet régional Superjet, dont il conçoit aussi la nacelle (le carénage du moteur) et le train d’atterrissage.

Le groupe français, qui emploie 600 personnes en Russie, est aussi à bord du nouveau MC-21, concurrent frontal de l’A320 d’Airbus. Il en conçoit, via Zodiac Aerospace, les systèmes de carburant et d’oxygène ainsi que les sièges et équipements de cabines. Safran Helicopter Engines, l’ex-Turbomeca, fournit également les moteurs des nouveaux hélicoptères civils Kamov KA-62, dérivé de l’appareil militaire KA-60. Thalès n’est pas en reste : il conçoit le cockpit du Superjet et fournit certains équipements d’avionique du monocouloir MC-21. Il va également construire, via sa division Thalès Alenia Space, le satellite télécoms Yamal 601 pour le géant russe Gazprom. « Le contrat, signé en 2014, a été retardé par le contexte géopolitique et la chute du cours du rouble, mais il a été confirmé en 2017 », indique un spécialiste du secteur spatial.

Mission commune sur Mars

Car, dans l’espace aussi, Moscou reste un partenaire incontournable. Le satellite d’observation de la Terre Sentinel 3B, fabriqué par Thales Alenia Space, a été lancé le 25 avril d’une fusée russe Rockot, depuis le cosmodrome de Plesetsk, 800 km au nord de Moscou. Début janvier, Arianespace avait 58 lancements dans son carnet de commandes... dont la moitié composée de lanceurs Soyouz, qu’elle commande à l’agence spatiale russe Roscosmos pour les lancer de Kourou. Ceux-ci lanceront notamment dès cette année la constellation de satellites OneWeb, destinée à connecter le monde entier au haut débit.

Cette dépendance est-elle problématique ? Elle a en tout cas déjà été utilisée par Moscou à des fins politiques. En octobre 2016, Roscosmos avait menacé de ne plus livrer les lanceurs russes à Arianespace s’il n’obtenait pas immédiatement les 300 millions d’euros bloqués par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos. La somme avait finalement été débloquée sur décision de la cour d’appel de Paris. L’entrée en service, à partir de 2020, du lanceur Ariane 6, capable d’effectuer les missions de Soyouz, devrait permettre de sortir progressivement de cette dépendance.

Cette méfiance ne semble pas - encore - avoir atteint les missions spatiales scientifiques. Moscou collabore ainsi avec l’Agence spatiale européenne (ESA) sur la mission ExoMars, qui verra l’envoi en 2020 d’un rover (petit véhicule d’exploration) de 300 kg sur la planète rouge pour y étudier la composition du sol. Un programme à 1,5 milliard d’euros.

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