Le bitcoin perdait 6% le 11 juin, à la suite du piratage de Coinrail, une plateforme d’échange de Corée du Sud. L’attaque a déclenché un phénomène de recul sur l’ensemble des cryptomonnaies qui étaient presque toutes dans le rouge dans la journée de ce lundi 11 juin. «Ce qui a fait plonger le cours, ce n’est pas le piratage lui-même, explique Jean-Philippe Rennard, professeur à Grenoble école de Management, mais la révélation de la faiblesse des mesures de sûreté. La plateforme coréenne attaquée était d’une taille modeste et 40 millions de dollars ont été piratés. Ce n’est pas une si grosse somme que cela, mais cela a inquiété les investisseurs. Il y a eu une crise de confiance.» De fait le plus gros piratage reste celui du site japonais MtGox en 2014 où 650.000 bitcoins avaient disparu (400 millions de dollars au cours de l’époque). Mais si le bitcoin est la cryptomonnaie la plus connue et la plus utilisée, elle est loin d’être la seule. Coinrail a reconnu que 30% de ses monnaies virtuelles avaient été volées. Selon Coinrail, «70% du total des monnaies ont été sécurisées et transférées dans un portefeuille non connecté à internet. Les deux tiers des cryptomonnaies volées ont été gelées en partenariat avec les autres plateformes d’échange.»
1.600 monnaies virtuelles
Ce matin, le bitcoin ainsi qu’une bonne partie des autres monnaies virtuelles, repartait dans le vert (+1% pour le bitcoin, +1,89% pour le Ripple, -0,24% pour Ethereum). «Le problème du bitcoin, poursuit Jean-Philippe Rennard, c’est que ce n’est pas un monnaie au sens juridique. Il n’a pas de cours légal. C’est une unité de compte, un instrument qui peut servir à fixer la valeur des choses. De ce point de vue, ce pourrait être une monnaie. Mais une dette peut être payée dans n’importe quelle monnaie légale. Si vous voulez rembourser en euros, le créancier est obligé de l’accepter. Il n’a aucune obligation d’accepter le bitcoin.» Depuis sa création, le bitcoin est très volatil. «Le premier passage de 500 à 1.000 dollars, en 2014, rappelle Jean-Philippe Rennard, a probablement été le fait d’une seule personne. Il y a un soupçon de manipulation de cours. Aujourd’hui, une telle manipulation ne serait plus possible, il y a suffisamment d’acteurs différents pour rendre très difficile une telle opération, ce qui est rassurant. La hausse de 2017 a été le fait des boursicoteurs moutonniers. Mais le bitcoin n’offre aucune garantie de pérennité. Il faudra du temps avant que l’autorégulation devienne efficace. Je ne conseille à personne de placer toute sa fortune en bitcoin mais les cryptomonnaies ont leur place dans un portefeuille équilibré.»
Le bitcoin n’est sans doute pas la monnaie virtuelle la plus performante. Une seule transaction en bitcoin consomme près de 700 kWh et le calcul demande un minimum de 10 minutes et il en faut six pour qu’elle soit entièrement validée. C’est pour pallier cet inconvénient que le bitcoin cash a été créé. Il existe aujourd’hui plus de 1.600 monnaies virtuelles et il s’en crée de nouvelles tous les jours. L’univers des cryptomonnaies recèle quelques curiosités. Le Macron, par exemple, grimpait de près 30% le 11 juin à 0,00029 euros sur CoinMarketCap tandis que le LePen, à 0,000057 euros, perdait 6%. Mais ces deux cryptomonnaies, créées par des informaticiens facétieux entre les deux tours de la présidentielle française, n’ont probablement pas vocation à devenir des actifs pérennes...