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Matières premières : le prix des métaux s'enfonce dans la crise

Les tensions commerciales, la hausse du dollar et les inquiétudes sur la croissance mondiale font chuter le prix des métaux de plus de 17 % en moins de trois mois. Un plongeon « absurde et injustifié » selon des analystes.

Le prix du cuivre a plongé de 19 % depuis son pic de juin dernier.
Le prix du cuivre a plongé de 19 % depuis son pic de juin dernier. (Shuterstock)

Par Pierrick Fay

Publié le 19 août 2018 à 15:56Mis à jour le 15 oct. 2018 à 10:35

2018 est bien partie pour être une année noire pour les métaux. Depuis le 1er janvier, ces matières premières affichent des parcours catastrophiques sur le LME (London Metal Exchange), à l'image du plomb (-19,2 %), du zinc (-29 %), de l'aluminium (-10,85 %) ou du cuivre (-18,6 %). Le début d'année ne laissait pourtant pas présager un tel carnage dans un contexte de croissance mondiale synchronisée. La chute a été brutale. L'indice LME base metals, qui gagnait encore 2,4 % début juin par rapport au début de l'année, a depuis perdu 17,5 % de sa valeur. Autre exemple, le cuivre est proche de plonger dans un « bear market », un marché baissier, avec un repli de 19 % depuis son pic de juin. En un peu plus de deux mois, le cours du métal rouge est passé de plus de 7.000 dollars la tonne à un peu plus de 5.900 dollars.

Sur les marchés de matières premières, il y a clairement un avant et un après 10 juin… L'échec retentissant du sommet du G7 a sonné le déclenchement des hostilités commerciales entre les Etats-Unis et ses partenaires, quelques jours après l'entrée en vigueur des surtaxes américaines sur l'acier et l'aluminium. Le sentiment des investisseurs a changé. Depuis, les cours fluctuent en fonction des annonces de sanctions.

Ralentissement chinois

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Les investisseurs s'inquiètent en effet des conséquences d'une guerre commerciale sur la vitalité de la croissance mondiale et par extension sur la demande de métaux. Les derniers chiffres montrent d'ailleurs un fléchissement de l'économie chinoise (production industrielle, croissance des investissements…). C'est le pari de certains fonds spéculatifs qui ont accumulé ces dernières semaines des positions extrêmement négatives sur les métaux, selon Credit Suisse. Les ventes à découvert ont représenté jusqu'à 37 % des positions sur les contrats à terme le 14 août. Du jamais-vu depuis 2010.

La montée des risques géopolitiques a aussi comme conséquence de favoriser la hausse du dollar. Dans un premier temps, les cours des métaux, libellés en dollar, ont pu absorber la hausse du billet vert, mais son accélération (+6,8 % depuis fin avril face à un panier de devises) a fini par déstabiliser le marché. Notamment, après le choc, il y a une semaine, sur la livre turque, puis sur de nombreuses devises émergentes (Argentine, Afrique du sud, Indonésie…). En quatre jours, l'indice LME base metals a replongé de 6,6 %. « Il faut avoir des nerfs d'acier depuis quelques semaines sur les métaux de base et les derniers jours les ont poussés un peu plus vers le point de rupture », reconnaît Commerzbank, même si depuis deux jours les espoirs d'une reprise des discussions entre les deux géants économiques ont permis d'arrêter la saignée.

Des métaux survendus

L'analyste de la banque allemande juge d'ailleurs « exagéré, absurde et injustifié le marasme » du prix des métaux et il espère que les investisseurs vont enfin se reporter sur les fondamentaux du marché et notamment sur la demande. Celle-ci devrait rester forte dans certains secteurs d'activités consommateurs de minerais, comme les batteries, qui soutiennent le prix du nickel (+3,92 % en 2018).

Les cours pourraient, à terme, « profiter du renforcement des dépenses d'infrastructures de la Chine », selon JP Morgan, notamment la demande de cuivre qui pourrait augmenter fortement à partir d'octobre. La banque américaine estime d'ailleurs que le marché des métaux apparaît toujours « survendu autant d'un point de vue macro que micro-économique ». Elle estime que la mise en place d'une politique budgétaire et fiscale accommodante de la Chine - certes moins prononcée qu'en 2016 - « sera en mesure d'étayer la demande de métaux et donc les prix jusqu'au début de 2019 ». JP Morgan estime enfin que dès que les risques commerciaux diminueront, le faible niveau des stocks en Chine devrait permettre une « forte impulsion sur les cours ».

L'effet Escondida

Le prix du cuivre a aussi été pénalisé par la perspective d'un accord entre BHP Billiton et les syndicats de la mine d'Escondida au Chili, la plus grosse mine du monde, afin d'éviter une nouvelle grève. En 2017, un conflit de 44 jours avait fait chuter la production de cuivre de 39 %.

Pierrick Fay   

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