Autolib’ débranchées, Vélib’ immobilisés… En 2018, « l’ancien monde » de la mobilité partagée à la parisienne s’en est allé. Il n’était pourtant pas si vieux, ce monde. Le service Autolib’, suspendu le 31 juillet, datait de la fin 2011. Le Vélib’ de l’opérateur JCDecaux (remplacé depuis par Smovengo) avait, lui, investi les rues de la capitale en 2007. Certes, les deux systèmes n’ont pas connu le même sort. Les voitures grises de Bolloré ont été remisées dans une casse du Loir-et-Cher. Tandis que les vélos bleus et verts de Smovengo, certes convalescents, sont censés fonctionner pleinement début 2019, promet l’opérateur.
Il n’empêche que ces épisodes ont frappé les esprits. Pas seulement politiquement. Et bien au-delà du périphérique parisien. La « mobilité partagée », qui est censée prendre le relais, à plus ou moins long terme, de nos voitures individuelles polluantes, en a pris un coup. Or l’espace public dévolu à la voiture individuelle, justement, se réduit peu à peu, à Paris comme dans la plupart des villes occidentales.
« Depuis qu’on a retiré le couvercle Bolloré, nous recevons la visite de nombreux opérateurs potentiels »
Les déflagrations de 2018 ont ouvert une brèche. Le véhicule gris souris, stationné à une borne, est mort ; vive les objets roulants libres d’accès, accessibles d’un coup de pouce sur le smartphone, et de toutes les couleurs. Belle disruption. S’il ne fallait qu’un indice de cette modernité triomphante, presque tous les nouveaux services ont été affublés de noms à consonance anglaise. « Depuis qu’on a retiré le couvercle Bolloré, nous recevons la visite de nombreux opérateurs potentiels », résume Jean-Louis Missika, adjoint (divers gauche) à l’urbanisme de la maire de Paris.
Les acteurs internationaux de l’autopartage, qui organisent leur congrès les 16 et 17 octobre à Paris, ne manqueront pas d’observer la bouillonnante marmite parisienne. La concurrence est vive. Moov’in, marque créée par le constructeur Renault et le loueur Ada, propose, en ce mois d’octobre, 100 Zoé et 20 Twizy, pour commencer. L’aubaine a attiré d’autres constructeurs, comme PSA, qui lancera ses véhicules Free2Move en décembre, ou Mercedes, qui déploiera Car2Go en janvier 2019. Selon M. Missika, des BMW devraient s’ajouter au tableau. Le fonctionnement de tous ces véhicules – électriques – est basé sur le « free-floating », au contraire des Autolib’: il n’y a aucune borne, et l’utilisateur peut les emprunter et les restituer n’importe où, à condition d’occuper un stationnement autorisé.
Il vous reste 77.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.