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Arnaques au bitcoin : une technique très bien rodée

+ VIDEO. Harcèlements, promesses de gains élevés, usurpation d'identité : les escrocs ne reculent devant rien. Des victimes témoignent.

Les victimes n'ont pas de profil particulier. Cadres, salariés, chefs d'entreprise, investisseurs avisés, ou novices, tous peuvent se faire arnaquer par de faux sites de bitcoin.
Les victimes n'ont pas de profil particulier. Cadres, salariés, chefs d'entreprise, investisseurs avisés, ou novices, tous peuvent se faire arnaquer par de faux sites de bitcoin. (Shutterstock)

Par Laurence Boisseau

Publié le 18 oct. 2018 à 10:08

« J'étais en confiance ». Tous ceux qui se sont fait escroquer par de faux sites de ventes de bitcoin disent la même chose. Qu'ils soient cadres dans la fonction publique, ostéopathes, employés dans une entreprise de nettoyage ou bien chefs d'entreprise.

Connivence

A la base de l'arnaque, il y a le rapport de confiance instauré avec un conseiller, qui parvient au bout du compte à abuser de leur crédulité. Celui-ci les appelle plusieurs fois par jour, y compris la nuit. Il leur fait croire qu'ils ont gagné beaucoup d'argent très vite, et les incite à miser toujours davantage. « J'ai investi 500 euros en janvier. Après 10 jours, j'avais gagné 250 euros. Cela m'a poussé à donner à nouveau de l'argent, puis, comme cela marchait vraiment bien, j'ai réinvesti de grosses sommes », indique Florent*, un chef d'entreprise.

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« En août, on me propose un autre type de contrat pour une durée d'un an au taux net de 6 % par mois, en échange de 20.000 euros » ajoute-t-il. En aucun cas, il ne s'étonne du rendement élevé. « C'est du bitcoin, c'est par nature très spéculatif », ajoute-t-il.

Un rendement de 40 % en un mois

Rémi, jeune retraité, était dans le même état d'esprit. « J'avais placé, en plusieurs fois, 85.000 euros, et en deux mois j'avais gagné 20.000 euros. Mon conseiller m'a appelé avec une opportunité : une opération avec un ticket d'entrée de 100.000 euros qui devait me rapporter 40 % en un mois. Ma femme m'a fait remarquer que ce rendement était très élevé et que c'était sans doute très risqué. J'ai répondu que c'était normal car le bitcoin fluctuait beaucoup. J'ai cassé mon assurance-vie, mon PEL et j'ai investi : je ne voulais pas passer à côté ».

VIDEO. On fait le point sur les cryptomonnaies : combien y en a-t-il ? Comment investir ? Et... comment récupérer sa mise ?

Des mails des régulateurs pour récupérer l'impôt

Mais dès que les victimes demandent à leur conseiller de récupérer l'argent, rien ne va plus… « J'ai reçu un mail de la Banque de France me demandant de payer l'impôt sur la plus-value. Ce qui m'a alerté, c'est une erreur de leur part sur le calcul, en ma faveur. J'ai appelé la BDF qui m'a confirmé que c'était une arnaque, et m'a conseillé de porter plainte. Depuis, ils me harcèlent, menacent de me mettre en demeure pour que je règle l'impôt », explique Florent. Il n'est pas le seul dans ce cas. Rémi a, lui, reçu un courriel de la FCA (Financial Conduct Authority), le gendarme des marchés britanniques, qui lui réclamait également l'impôt.

Des identités usurpées

D'autres sites ont mis au point des stratagèmes pour récupérer encore plus d'argent. « Je n'avais plus entendu parler d'eux depuis deux mois. Un matinj'ai reçu un coup de fil d'un avocat qui me proposait son aide pour recouvrer mon argent. Je me suis méfié. Cet avocat, il existait bel et bien, mais il n'avait jamais travaillé sur des dossiers liés au bitcoin. Ils avaient usurpé son identité », ajoute Rémi.

Les victimes ont porté plainte auprès de la police, tout en sachant qu'ils avaient peu de chance de revoir leur argent. L'escroc s'est volatilisé. Alors, certains se sont retournés contre leurs conseillers bancaires. « J'ai fait des virements importants, anormaux à des banques étrangères, une allemande, une anglaise et une portugaise. Ma banque principale ne m'a jamais alerté. En revanche, quand j'ai voulu m'acquitter de l'impôt, je suis passé par une autre de mes banques. Cette dernière m'a averti : le compte destinataire de mon virement était suspect. Je me suis dit que si ma première banque m'avait alerté dès le départ, je n'aurais pas perdu autant d'argent… » témoigne l'une des victimes.

*Les prénoms ont été changés

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Laurence Boisseau

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