Crédit Agricole esquisse un plan stratégique d'un nouveau genre
Crédit agricole atteint avec un an d'avance ses principales cibles financières. Mais son prochain plan sera délibérément plus orienté sur la stratégie que sur les chiffres.
Par Édouard Lederer
Carton pratiquement plein pour Crédit Agricole. A la différence de BNP Paribas et Société Générale, contraints de revoir certains objectifs clé à l'horizon 2020 en raison de secousses sur les marchés fin 2018, la banque verte est parvenue à atteindre ses principaux objectifs avec un an d'avance. Lancée depuis 2016 dans son plan « Ambition stratégique 2020 », elle va présenter le 6 juin son nouveau plan stratégique.
Dans le détail, sur la période du plan, Crédit Agricole SA (CASA) a vu ses revenus sous-jacents progresser en moyenne de 4,3 % par an (la cible étant de dépasser les 2,5 %), son coût du risque plonger à 0,23 % des encours (la cible étant de passer sous les 0,5 %), et son résultat net part du groupe (sous-jacent) atteindre les 4,4 milliards d'euros, soit 200 millions d'euros de plus que l'objectif 2019.
Plus loin dans les synergies
Le coefficient d'exploitation, lui, n'est pas encore en ligne. « Nous pouvons aller plus loin en synergies de coûts, en digitalisation », et en s'appuyant sur CA-GIP, « maison commune de production informatique du groupe » née en début d'année, insiste Philippe Brassac, directeur général de CASA.
A l'arrivée, l'entité dégage une rentabilité sur fonds propres tangibles (ROTE en anglais) de 12,7 % en 2018, en ligne avec sa cible d'un ROTE supérieur à 10 % en 2019. « Cela contraste avec Société Générale et BNP Paribas qui ont tous les deux réduit leurs objectifs de rentabilité des fonds propres après les résultats du quatrième trimestre », saluent les analystes d'UBS.
Moins de « granularité »
De quoi se projeter dans le prochain « plan à moyen terme » (PMT), qui sera d'un genre nouveau. « Un PMT, ce sont plus des décisions stratégiques que des objectifs financiers. Sinon cela consiste seulement à pousser les scores un peu plus loin », souligne Philippe Brassac .
Evoquant uniquement la caisse régionale qu'il dirige, un « baron » du groupe mutualiste indique que son prochain plan sera « moins granulaire » que par le passé. Avec le manque de visibilité et les menaces latentes - Brexit, taux faibles, crispations entre la Chine et les Etats-Unis - la stratégie doit s'exprimer sous forme de « projet client, projet sociétal et projet humain », suggère déjà Philippe Brassac. « Nous donnerons une liste d'objectifs financiers, mais sans la même granularité », nuance le dirigeant.
La question est aussi de savoir si cette approche plus « qualitative » fera école. Entre les attentes des investisseurs et un environnement de plus en plus incertain, les grandes banques cotées devront trouver le savant équilibre.
Edouard Lederer