(BFM Bourse) - Au lendemain de la publication de ses résultats annuels, marqués par de lourdes dépréciations d'actifs, le titre du géant mondial des matériaux de constructions affiche un léger repli à la mi-séance vendredi, après une ouverture en nette baisse.
Saint-Gobain a enregistré en 2018 une croissance de son bénéfice d'exploitation et de ses ventes, mais son bénéfice net a lourdement chuté en raison de dépréciations d'actifs massives en fin d'année, en partie liées à un programme de cession d'actifs. Le bénéfice net du géant français des matériaux a dégringolé de 73,2% à 420 millions d'euros l'an dernier, conséquence directe de 2 milliards d'euros de dépréciations d'actifs, selon le communiqué publié jeudi après Bourse par le groupe.
Les dépréciations en question ont concerné ses activités de distribution dans le bâtiment en Allemagne, dont le processus de vente est en cours, ainsi que ses activités de canalisation, actuellement en restructuration, la distribution au Royaume-Uni et, enfin, sa filiale de menuiserie Lapeyre. Hors éléments exceptionnels, le groupe a tout de même dégagé un bénéfice net courant en hausse de 6% l'an dernier, à 1,73 milliard d'euros. Ses ventes annuelles ont quant à elles légèrement dépassé les attentes, à 41,77 milliards d'euros, en hausse de 2,4% en données publiées et de 4,4% en organique (à taux de change et périmètre constants).
Hausses de prix et de volumes
Cette croissance de l'activité a été tirée par des hausses de prix et de volumes, dans toutes les zones géographiques du groupe et dans toutes ses pôles d'activité, "dans un contexte toujours marqué par l'inflation des coûts des matières premières et de l'énergie", toujours selon le communiqué.L'activité de son pôle Matériaux innovants a notamment progressé de 4,8% à données comparables l'an passé, grâce notamment au secteur de la construction. Cependant l'activité dans le vitrage pour l'industrie automobile a connu un "repli marqué" en Europe et en Chine au quatrième trimestre, a relevé Saint-Gobain. La croissance interne du pôle Produits pour la construction a atteint 5,6% à données comparables, tandis que celle du pôle Distribution bâtiment s'est élevée à 3,6%, soutenue par la France et l'Europe du Nord notamment, hors Royaume-Uni.
Confiance affichée pour 2019
Le bénéfice d'exploitation annuel du groupe est conforme aux attentes du consensus d'analystes Factset, à 3,1 milliards d'euros, en hausse de 3,1% ou de 4,5% à taux de changes et périmètre constants, tandis que le résultat d'exploitation "s'est amélioré au second semestre", grâce à la bonne dynamique de prix qui devrait perdurer cette année, selon le PDG du groupe Pierre-André de Chalendar dans un entretien à l'AFP.Le dirigeant a ajouté que Saint-Gobain vise une nouvelle progression de son résultat d'exploitation cette année, dans un exercice qui devrait être un exercice "globalement favorable". Les craintes sur ses activités dépendantes de l'industrie automobile et du marché du bâtiment en France pèsent sur le cours de Bourse de Saint-Gobain: en un an, la valeur de son action a perdu 25% à la Bourse de Paris.
La baisse du titre est "très exagérée", a commenté Pierre-André de Chalendar auprès de l'AFP, mettant en avant la "dynamique assez positive de la rénovation" en France sur fond de transition énergétique, et des marchés étrangers de la construction "plutôt bien orientés". Il s'est aussi dit "très confiant" sur les activités du groupe aux Etats-Unis, "assez optimiste" sur le Brésil qui "est en train de redémarrer assez fortement" et a souligné qu'en Chine, à part dans l'automobile, les marchés du groupe se tenaient "plutôt bien".
Confirmation des objectifs d'économies
Depuis l'été dernier Saint-Gobain s'est engagé dans un programme de cessions représentant plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires d'ici fin 2019. Il a déjà réalisé ou annoncé des cessions pour plus de 2,4 milliards d'euros dans ce cadre, notamment ses activités de distribution dans le bâtiment en Allemagne dont le processus de vente est "bien engagé".En 2018, le géant des matériaux a réalisé 300 millions d'euros d'économies de coûts par rapport à 2017 dans le cadre d'un plan d'économies de 1,2 milliard d'euros sur 2017-2020, qui met l'accent sur sa transformation numérique. Et Saint-Gobain a réitéré, jeudi, son objectif de dégager 250 millions d'euros d'économies supplémentaires d'ici 2021 grâce à une réorganisation opérationnelle mondiale qui va conduire à des suppressions de postes administratifs, dont l'ampleur n'est cependant pas précisée. Le groupe précise néanmoins qu'étant en croissance, il créé aussi "beaucoup de postes", dans le monde comme en France.
Parallèlement à ses activités, le groupe a aussi mené l'an dernier diverses acquisitions ciblées pour un total de 768 millions d'euros, et a notamment pris 10,75% du capital du groupe suisse Sika à l'issue d'un compromis conclu en mai dernier, qui avait mis fin à trois années de bras de fer.
Le titre recule légèrement
Après une ouverture en très net repli (-3,5%), le titre Saint Gobain efface progressivement ses pertes au cours de la matinée sur le CAC 40 et n'affiche plus qu'un repli de 0,8% à 32,7 euros vers 12h, dans un volume d'échanges relativement limité à 0,2% du tour de table. L'action du numéro un mondial des matériaux de construction est notamment affectée par une chute de son bénéfice net en raison de dépréciations d'actifs massives en fin d'année. L'action rebondit cependant toujours de plus de 10% depuis le 1er janvier, après avoir connu, comme de très nombreuses valeurs de la cote parisienne, un dernier trimestre 2018 chaotique en Bourse au cours duquel le titre a perdu près d'un tiers de sa valeur.(Avec AFP)
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