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Après la crise, sortir de notre addiction au pétrole

Editorial. L’épidémie liée au coronavirus et le contre-choc pétrolier qui déstabilisent l’économie mondiale depuis début mars sont une occasion unique pour l’Europe de rebâtir sa souveraineté énergétique.

Publié le 08 avril 2020 à 10h47 Temps de Lecture 2 min.

Un tanker dans le port de Ras Al-Khair, en Arabie saoudite, le 11 décembre 2019.

Editorial du « Monde ». Un autre séisme se joue derrière la crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19 : depuis le début du mois de mars, un contre-choc pétrolier menace de déstabiliser l’économie mondiale. La chute de la demande pétrolière causée dans un premier temps par le ralentissement de l’activité en Chine, puis par la généralisation du confinement de plus de la moitié de la population mondiale, est historique.

La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle se double d’une violente guerre des prix menée par la Russie et l’Arabie saoudite pour contester le récent leadership des Etats-Unis dans la production de l’or noir. La réunion de l’OPEP et de la Russie, qui se tient jeudi 9 avril, permettra peut-être d’apaiser les tensions entre les trois grands producteurs mondiaux. Mais cette crise va laisser des traces.

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D’abord, la baisse de la demande risque d’être durable. Les contraintes du confinement vont lourdement peser sur le transport mondial, bien au-delà de la levée progressive des mesures de restriction de déplacement : personne n’imagine à court terme un retour à la normale du trafic aérien, encore moins une explosion des échanges internationaux. Si la pandémie peut être contenue, tant qu’un vaccin n’aura pas été mis au point, le virus risque de ressurgir périodiquement, ce qui pèsera sur le rythme des échanges. L’expérience forcée de la généralisation du télétravail devrait aussi contribuer à relativiser le caractère indispensable de bon nombre de déplacements.

Le leurre des prix bas

Surtout, la brutalité de la crise à venir va peser lourdement sur l’activité économique et diminuer mécaniquement la demande en pétrole. En 2008, après la crise financière, cette baisse avait été temporaire. Mais les enjeux sont cette fois-ci différents. Les engagements pris par les Etats dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat avaient engagé la réflexion sur une diminution de la consommation de pétrole. Cette crise doit inciter à passer enfin de la théorie à la pratique.

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Les prix bas du marché pétrolier ne doivent pas être une tentation pour abandonner les efforts engagés afin de limiter les effets du changement climatique, comme l’a justement souligné l’Agence internationale de l’énergie. Ils sont au contraire un leurre : ils font croire à l’abondance de pétrole, alors que les découvertes sont au plus bas et que seul le pétrole non conventionnel, comme les sables bitumineux au Canada ou les pétroles de schiste américains, est en croissance, avec des coûts faramineux, qui ne sont désormais plus soutenables pour les producteurs.

L’Europe peut trouver dans cette crise une occasion majeure : en réduisant fortement sa consommation de pétrole, elle peut à la fois limiter drastiquement ses émissions de CO2 et se libérer de sa dépendance vis-à-vis des Etats producteurs. Le comportement brutal et égoïste des dirigeants des trois principaux producteurs, les Etats-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, pourrait alors se retourner contre eux.

Cette transition est d’autant plus souhaitable que les pays européens ont les moyens industriels et politiques de la mettre en œuvre. Pour cela, l’Union européenne doit être plus offensive afin de rebâtir sa souveraineté dans les énergies renouvelables et développer les modes de transport et les infrastructures pour accompagner ce mouvement. Ce projet devra être au cœur du gigantesque plan de relance qui sera nécessaire afin de sortir de cette crise. C’est une occasion historique pour mettre fin à notre addiction au pétrole.

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