Les plates-formes pétrolières du Venezuela sont complètement paralysées, faute de pouvoir écouler leur brut, selon le décompte de la société Baker Hughes, vendredi 3 juillet. Ainsi, aucune plate-forme pétrolière d’extraction de brut n’était en activité en juin, contre 22 un an avant au même moment, et plus d’une centaine en 1998.
Hautement dépendant du pétrole, le Venezuela « connaît une détérioration importante de ses champs [pétroliers] (…) et maintenant, il n’a plus à qui le vendre, ni où stocker le brut », explique à l’Agence France-Presse (AFP) le spécialiste pétrolier et professeur d’université Luis Oliveros.
Carlos Mendoza Potella, conseiller de la Banque centrale du Venezuela (BCV) en matière pétrolière, abonde dans le même sens. « Les stocks sont au maximum, tu ne peux pas faire tourner les puits comme ça (…). Si tu n’as pas où entreposer ta production, car tu ne peux pas faire partir les bateaux, tu arrives à zéro », explique-t-il à l’AFP.
La production de pétrole du Venezuela, dont l’or noir a longtemps fait la richesse, a chuté en mai à des niveaux inédits depuis près de quatre-vingts ans, une dégringolade qui alimente l’effroyable crise économique que traverse le pays sud-américain.
Pénurie de carburants en mars
En compilant des « sources secondaires » – qui font référence en la matière –, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) précise dans son rapport mensuel publié mercredi que le Venezuela a pompé chaque jour, en mai, 54 000 barils de moins qu’en avril, tombant à un total de 570 000 barils par jour. Cette chute, pour spectaculaire qu’elle soit, s’inscrit dans le lent processus de décrépitude du secteur pétrolier vénézuélien qui produisait 3,2 millions de barils par jour il y a douze ans encore.
Si l’opposition autour de Juan Guaido met en avant un cocktail de corruption, de gabegie et d’incompétence pour expliquer cette chute, le pouvoir chaviste accuse l’éventail des sanctions prises par Washington contre le secteur pétrolier visant à mettre le président socialiste Nicolas Maduro sous pression.
Jusqu’à 2018, le Venezuela envoyait 500 000 barils par jour de brut aux Etats-Unis et recevait de ce pays 120 000 barils par jour de pétrole léger et d’additifs nécessaires au raffinage. Mais en avril 2019, l’administration du président Donald Trump a mis en place un embargo sur le pétrole vénézuélien particulièrement draconien.
En outre, souligne la société S&P Global Platts, Caracas a dû réduire ces dernières semaines sa production de brut en raison de « limitation de stockage » et du « manque de pétrole léger » pour fluidifier le brut extralourd et le rendre transportable.
En mars, confronté à un manque de liquidités indispensables pour se fournir en essence à l’étranger, le Venezuela est tombé en panne sèche. Le pays a connu une pénurie de carburants que seule l’arrivée de cinq pétroliers iraniens chargés de 1,5 million de barils de combustibles a réussi à palier.
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