Pendant que, en Bavière, mes amis souscrivaient des plans épargne-logement, convolaient, faisaient des enfants, je passais le plus clair de mes week-ends prolongés à écumer l’Asie. Je venais de prendre mon premier emploi de directrice commerciale dans un hôtel cinq étoiles de Shanghai et mes amis sur place, comme moi, n’avaient qu’une envie : voir un maximum de choses.

J’avais la petite vingtaine et j’aimais beaucoup Shanghai, ça bougeait de tous les côtés, il se passait toujours quelque chose.

De la Chine à l’Australie

Et puis, au bout de trois ans, la nature et le calme ont commencé à me manquer, et je suis allée passer quinze jours en Australie. Je suis descendue de l’avion à Melbourne et, pour la première fois depuis des années, j’ai vu un ciel d’un bleu éclatant. Je tombais amoureuse sur-le-champ de cette ville côtière verdoyante, au charme européen, et je me suis dit que c’était là que je voulais vivre. J’ai donc décidé de profiter de mes vacances pour chercher du travail en Australie.

Au lieu de prendre la Great Ocean Road [route côtière mythique], je suis entrée dans un centre commercial et je me suis acheté un tailleur-pantalon. Aussitôt après, j’allais frapper à la porte des hôtels cinq étoiles, les uns après les autres : j’allais à la réception et je demandais un entretien avec le directeur du personnel ou le directeur commercial. En l’espace de quinze jours, je décrochais 30 entretiens à Melbourne et à Sydney, où j’avais de toute façon prévu de passer la seconde partie de mes vacances.

Mes interlocuteurs saluaient mon courage, mais la réponse était toujours la même : ils ne pouvaient pas m’embaucher à cause de la législation sur l’immigration et des critères d’obtention des visas. J’ai repris l’avion pour Shanghai et je me consolais en me disant qu’au moins j’avais essayé.

Une semaine plus tard, je recevais un coup de fil d’un directeur d’hôtel qui se disait séduit par mon initiative et qui était prêt à affronter les obstacles pour m’embaucher à Brisbane. Le gérant de l’hôtel n’avait pas trouvé sur place de candidat australien qui faisait l’affaire, ce qui facilitait la demande de visa. J’acceptais aussitôt, sans connaître la ville. J’avais encore deux mois à faire à Shanghai jusqu’à la fin de mon préavis, et je partais ensuite pour l’Australie.

Expat et globe-trotteuse depuis l’enfance

Après deux ans à Brisbane, je m’installais à Melbourne, où je rencon