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High-Tech

La surprenante incursion de Valeo dans le diagnostic sans contact du Covid-19

Un dispositif qui délivre rapidement et sans contact un diagnostic Covid-19, c’est une des innovations présentées cette année par l’équipementier automobile Valeo au salon IAA Mobility: un virage tout à fait contrôlé, direction santé humaine.

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Le dispositif de Valeo délivre un diagnostic Covid en 2 minutes.

Le dispositif de Valeo délivre un diagnostic Covid en 2 minutes.

Valeo

Imaginez plutôt. Vous êtes assis face à une borne. Après les autorisations d'usage - il s'agit d'accepter les termes de confidentialité proposés oralement par la machine - votre visage apparaît sur un écran. Il miroite de halos de couleurs, reflets des variations de la température de surface. Des chiffres défilent: pulsation cardiaque, temps d’inspiration, d’expiration… Deux minutes plus tard, le sésame apparaît: positif ou négatif.

Non, vous n’entrez pas à Gattaca, n’êtes pas davantage dans le dernier film de Luc Besson. Cette scène pourrait tout simplement se dérouler à la porte d’un aéroport, d’un service d’urgence hospitalier ou d’une salle de spectacles. Et cela dans un futur très proche. En l’espace d’une petite année, l’équipementier automobile Valeo a mis au point un "prototype avancé" de son "système d'évaluation de l'état de santé", capable en moins de deux minutes de déclarer avec un bon niveau de fiabilité (94% selon Valeo), si une personne a le Covid ou non.

Capteurs et intelligence artificielle

"Le dispositif est équipé de 3 capteurs", se félicite Pascale Herman, directrice innovation du pôle systèmes thermiques de Valeo et initiatrice du projet aux côtés de Georges de Pelsemaeker, directeur de l'incubation des nouvelles technologies et des start-up. Une caméra RGB (couleurs visibles) va identifier le genre et l’âge de la personne pendant qu’une caméra thermique réalise une cartographie du visage, identifie la température et ses variations en des points précis.

En parallèle, un capteur doté de la technologie radar pourra percevoir les infimes vibrations du corps et procéder à l’acquisition de données liées au rythme cardiaque et éventuelles arythmies, au temps d’inspiration, d’expiration, son amplitude, etc. Toutes ces mesures sont interconnectées à des outils d’intelligence artificielle en back office. "Des algorithmes intègrent les données individuelles liées aux paramètres physiologiques de la personne autour des différents symptômes potentiels suspects des signes vitaux. Ces valeurs sont corrélées entre elles et aussi avec des bases de données évolutives, mises à jour en temps réel en fonction de la situation épidémique de la population", précise le Pr Alexandre Ghuysens, chef de service associé aux urgences de l'hôpital de Liège.

En moins de 2 minutes, le résultat est restitué à l’écran. "Ce qui est compliqué, c’est de faire un diagnostic rapide, déplore ce praticien. Le test PCR est le ‘gold standard’ actuel mais c’est une technique longue et coûteuse. On obtient un résultat en 12h. Même 1h en cas d’urgence, cela reste long. Les tests antigéniques sont plus rapides mais leur fiabilité autour de 60% n’est pas suffisante. On avait besoin d’autre chose". Depuis trois ans, il représente la faculté de médecine de l’Université de Liège au sein de la Chaire de recherche 'Bien-être et santé dans la mobilité' initiée par Valeo. Leurs travaux communs portent sur des moyens d’améliorer le bien-être et la santé des personnes dans une voiture. "On étudiait notamment des systèmes sans contact pour évaluer les paramètres de santé des conducteurs".

Le "ressenti thermique individuel" des passagers d'une voiture

Valeo, l’équipementier automobile s’intéresse de très près à la sécurité mais aussi au bien-être des personnes à bord des véhicules. "Dans le développement de nos systèmes de climatisation, nous cherchons par exemple à mesurer le ressenti thermique individuel des personnes dans l’habitacle afin d’adapter les flux d‘air aux besoins de chacun. Dès lors que l’on adresse ces questions du métabolisme ou des paramètres vitaux, on entre dans le domaine médical", précise Pascale Herman.

"Dès le début de la crise sanitaire au printemps 2020, on a eu l’idée d’utiliser les mêmes capteurs pour développer un test Covid". C’est ainsi que les équipes de recherche et innovation ont infléchi l’orientation de leur travail et imaginé comment leurs techniques de captation de signes vitaux pourraient conduire au développement d’un système d’aide au diagnostic Covid, sans contact.

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Le système calcule une "probabilité de suspicion"

Pour cette première phase de faisabilité technique, la petite équipe projet de Valeo (moins de 10 personnes) a travaillé d’arrache-pied avec ses partenaires de recherche et des urgentistes à l’Hôpital de Liège en Belgique, mais aussi en France, Tunisie et Israël. "Ils nous ont aidé à définir quels paramètres vitaux il était nécessaire de capturer", détaille Pascale Herman. "L’outil a ensuite été testé sur 1.600 patients. Nous avons pu valider que le produit répond aux attentes sur les trois critères principaux : il est très rapide, fiable et sans contact". En terme purement technique, plus qu’un diagnostic, la réponse donnée par la borne est un score de probabilité d’avoir le Covid. "C’est d’une extrême utilité", souligne le professeur Alexandre Ghuysens.

Déjà à ce stade de développement, "c’est un outil d’aide au diagnostic qui permet d’améliorer le jugement clinique". Pour le scientifique, il est encore trop tôt pour afficher des résultats d’efficacité, les publications n’étant pas encore finalisées. "Cependant, le système donne des résultats vraiment prometteurs qui permettent d’établir un fort niveau de probabilité". "Au vu de ces premiers résultats et de la confirmation du besoin réel, nous lançons la certification", confirme Pascale Herman.

Petit bijou de technologie, le système est protégé par une dizaine de brevets déjà. Avant tout déploiement, il reste à valider la solution technique à grande échelle. Une étude clinique sur un très grand nombre de personnes est en élaboration. "Le plus vite possible est l’objectif", espère la responsable du projet, bien consciente que l’ensemble des étapes conduisant à la certification - essai clinique d’envergure compris - pourra durer encore une bonne année. Pour l’instant, le système est anonyme et ne conserve pas les données mais "on pourrait imaginer dans un futur proche - sous réserve de certification - et en fonction de l’usage, que la borne soit reliée aux systèmes internes d’un hôpital", anticipe Pascale Herman. Pourquoi pas un interfaçage avec la base de donnée nationale dédiée au Covid, pour l’établissement d’un QR code, toutes les sécurités liées à la protection des données personnelles ayant été au préalable vérifiées?

Par Valérie Handweiler

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