En arrivant à la station Céüze 2000, dans les Hautes-Alpes, c’est d’abord l’image d’une friche touristique qui saute aux yeux. L’incontournable Hôtel Gaillard, situé au pied des pistes, a les volets clos et ne rouvrira plus. Les lettres du drugstore, « cadeaux − souvenirs − friandises », s’écaillent. En face, des pancartes jaunes « appartements et locaux à vendre ou à louer » sont accrochées aux balcons d’une grande bâtisse offrant une vue imprenable sur le domaine skiable.
On devine d’anciennes pistes sous les téléskis plantés dans les alpages, au milieu des fleurs et des bourdonnements. Voilà trois ans qu’ils sont à l’arrêt. En février 2020, la communauté de communes Buëch Dévoluy (CCBD) a annoncé la fermeture de la station… avant de démentir toute décision définitive.
La seule offre de reprise par un exploitant privé venait d’être retoquée par l’intercommunalité, gestionnaire du site. Si le sort de Céüze est officiellement en suspens, une page semble bel et bien tournée pour cette petite station de ski alpin, qui faisait partie du paysage depuis 1935.
Enneigement aléatoire
Ces dernières années, la « station des Gapençais », toute proche de la capitale haut-alpine, a ouvert par intermittence. La faute à l’enneigement, devenu de plus en plus aléatoire sur ses pentes ensoleillées, situées entre 1 500 et 2 000 mètres d’altitude. Guy Jullien a commencé à y travailler en 1958. Cet ancien agriculteur a tour à tour occupé les postes de perchman, moniteur de ski, directeur de la station et maire de Manteyer, la commune propriétaire des installations.
« Au début, on tournait plein pot, on était des dizaines à travailler ici. On avait une clientèle aisée de Marseille, et les gens du coin venaient en famille, entre copains… L’ambiance était extraordinaire à Céüze, c’était la fête, la convivialité !, se souvient-il. A partir des années 1980, on a commencé à avoir des problèmes de neige. Mais il y a eu aussi un manque de volonté politique. »
Face au réchauffement climatique, Céüze aurait « loupé le coche », estime Guy Jullien, ancien directeur de la station
Face au réchauffement climatique, Céüze aurait « loupé le coche », pense-t-il. Plusieurs fois, des projets d’enneigement artificiel ont échoué. Dans les années 1990, le désengagement de la ville de Gap a aussi porté un coup dur aux finances de la petite station. Ouverte ou fermée, elle coûte entre 60 000 et 100 000 euros par an, selon la CCBD. Sans compter que, pour relancer son activité, il faudrait a minima effectuer une mise aux normes coûteuse de ses remontées.
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