Dire qu’Antoine de Saint-Affrique est très attendu au 17, boulevard Haussmann, à Paris, est un euphémisme. Il devrait se rendre à cette adresse mercredi 15 septembre, pour prendre officiellement possession de son bureau de directeur général de Danone. La feuille de route du successeur d’Emmanuel Faber, débarqué le 14 mars, est connue. Il lui faudra remobiliser les troupes bousculées par une crise de gouvernance inédite, redéfinir la stratégie pour renouer avec la croissance, statuer sur le périmètre du groupe, sans oublier d’être fidèle au double projet économique et sociétal inhérent à l’histoire de Danone. Une tâche ardue à mener en binôme avec Gilles Schnepp, nommé président du groupe d’agroalimentaire, après l’éviction de M. Faber qui cumulait les deux fonctions.
M. de Saint-Affrique a été déclaré vainqueur du processus de sélection du nouveau patron de Danone, le 17 mai. Mieux, le groupe a même accepté de revoir à la hausse sa politique de rémunération pour l’attirer. Le nouveau DG touchera une rémunération fixe de 1,4 million d’euros, contre 1 million d’euros pour son prédécesseur, et une part variable pouvant monter à 1,4 million d’euros, si les objectifs sont atteints, voire jusqu’à 2,8 millions s’ils sont dépassés. Enfin, il pourra bénéficier d’actions gratuites de performance pour un montant équivalent. En cas de départ contraint, il pourra prétendre à un maximum de 8,4 millions d’euros de compensation.
Discrétion
Depuis mai, même s’il n’a pas manqué de consulter pour préparer son arrivée, il a choisi la discrétion. Pas de prise de parole publique avant son entrée en fonction. Un moment fort pourtant, une consécration pour ce diplômé de l’Essec et de la Harvard Business School, dont l’essentiel de la carrière a été consacré aux produits de grande consommation.
Décrocher le titre de directeur général du groupe Danone, un des fleurons du CAC 40, et avoir sous sa houlette des marques comme Evian, Badoit, Blédina ou Activia, nul doute que M. de Saint-Affrique en rêvait. Mais il sait aussi que passer d’une société comme Barry Callebaut, le leader mondial du cacao, qu’il dirigeait depuis 2015, avec ses 12 000 salariés et un chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros, à un géant employant 100 000 personnes et pesant 23,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, n’est pas sans risque. D’autant que Danone tient une place à part sur l’échiquier politico-économique français. Les gouvernements successifs ont toujours été très attentifs à son devenir, souvent inquiets que « cette cathédrale de Chartres » ne passe aux mains de concurrents étrangers.
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