Matières premières. L’huile de colza s’enflamme. Sa température est devenue bouillante dans la marmite de la spéculation. Le cours de cette graine oléagineuse a grillé son record historique sur Euronext, cette semaine. Jeudi 16 septembre, il a frôlé la barre des 600 euros la tonne. Du jamais-vu pour ce contrat de matière première agricole. A comparer au prix de 390 euros la tonne, négocié à l’été 2020. Soit un bond de près de 50 %.
« Plusieurs raisons expliquent cette envolée du colza. La première d’entre elles n’est autre que la petite récolte canadienne de canola. Normalement, ce pays en produit près de 20 millions de tonnes, et la récolte cette année est comprise entre 12,5 millions et 13 millions de tonnes. Il manque donc 7 millions de tonnes sur le marché mondial », souligne Arthur Portier, analyste du cabinet Agritel. Sachant que le canola est le nom donné au colza OGM cultivé outre-Atlantique et exporté aux quatre coins de la planète, même en France. Le « dôme de chaleur » qui a sévi au début de l’été au Canada a fait s’envoler en fumée une part de la production.
Pression réglementaire
Autre étincelle qui fait flamber le cours du colza, la spectaculaire envolée du prix de l’huile de palme. « [Celle-ci] se négocie actuellement à un niveau extrêmement élevé, à près de 4 500 ringgits [environ 916 euros] la tonne, contre de 2 000 à 2 500 ringgits la tonne habituellement », affirme M. Portier, avant d’ajouter : « La Malaisie a été confrontée à un problème de main-d’œuvre avec la crise du coronavirus. Près de 80 % des travailleurs dans les plantations sont originaires du Bangladesh et ont eu des difficultés pour venir. Résultat, une partie des fruits a pourri sur pied. »
Or, le sort boursier des deux huiles est intimement lié. Huile de palme ou de colza, même combat. Il est vrai que les deux sont également prisées par les fabricants de biodiesel. Et que la pression réglementaire s’accroît pour augmenter le flux des huiles végétales dans les réservoirs des voitures. Le prix du biodiesel, après un coup de pompe, lié aux épisodes de confinement en 2020, s’est fortement redressé, également porté par la remontée du cours de l’or noir.
Les agriculteurs français, qui ont admiré leurs tapis de fleurs dorées en avril, font leur compte. Cette année, ils ont engrangé 3,3 millions de tonnes de colza. Un résultat quasi équivalent à celui de 2020, et ce malgré une surface plantée en baisse. Certaines graines mises en terre en août ont souffert de la sécheresse, et le producteur a retourné le champ pour remplacer le colza par une autre culture. Le gel a également fait quelques dégâts en pleine floraison.
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