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La fringale des investisseurs pour l'électrique atteint avec Rivian un degré inouï

samedi 13 novembre 2021 à 07h00
Un pick-up électrique Rivian

(BFM Bourse) - Arrivé cette semaine sur le Nasdaq, Rivian Automotive s'offre déjà un record: c'est sans doute la première fois de l'histoire qu'une entreprise dont les revenus n'atteignent pas le million de dollars dépasse la barre de 100 milliards de dollars de capitalisation.

L'entrée fracassante de Rivian à Wall Street mercredi, qui y vaut 100 milliards de dollars en ayant produit à peine quelques centaines de pick-up, témoigne du vorace appétit des investisseurs pour toute société positionnée sur le marché des véhicules électriques, même si elle a encore quasiment tout à prouver. Lorsque sa capitalisation avait pour la première fois l'an dernier atteint 100 milliards de dollars de capitalisation, Tesla avait déjà mis sur les routes plusieurs centaines de milliers de véhicules.

Avant même sa première cotation, Rivian était déjà très sollicité: le groupe a levé 11,9 milliards de dollars d'argent frais, ce qui représente la plus grosse introduction en Bourse depuis 2014 aux Etats-Unis. Son action a explosé de plus de 50% juste après ses premiers pas sur le Nasdaq, et l'entreprise a laissé derrière elle les valorisations des vénérables General Motors (85 milliards de dollars) et Ford (77 milliards) - qui produisent chaque année des millions de voitures.

Le succès boursier de Rivian, encore largement déficitaire et qui n'aura livré que 1000 véhicules d'ici la fin de l'année, n'était pas forcément tout tracé. La comparaison avec Tesla et ses berlines électriques vient forcément à l'esprit. Mais le groupe d'Elon Musk, qui a récemment passé de son côté le cap des 1000 milliards, a mis des années avant de convaincre les investisseurs: son action vaut aujourd'hui près de 1.068 dollars mais elle valait 6 dollars il y a tout juste dix ans.

"L'espoir d'une électrification rapide"

Nikola, Canoo, Lordstown Motors, Fisker: toutes ces start-up dédiées aux véhicules électriques ont connu un pic à leur entrée en Bourse en 2020, avant de retomber lourdement. Certaines, comme Lucid ou le chinois Xpeng, semblent pour l'instant tenir la route.

À la demande de clients de plus en plus sensibles aux problématiques sociétales, de nombreux investisseurs cherchent à placer leur argent dans des entreprises "vertes". Le secteur est encore minuscule, les véhicules électriques ne représentant que 3% des ventes actuellement aux Etats-Unis, et doit encore prouver sa viabilité. Mais il semble attractif.

"Quand General Motors dit qu'en 2035, toutes ses voitures seront électriques, l'espoir d'une électrification rapide du secteur est énorme", remarque Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuilles pour Meeschaert Financial Services. D'autant qu'aux Etats-Unis notamment, les autorités prévoient de dépenser des milliards pour renforcer le réseau de bornes de recharge ou inciter les particuliers à abandonner leurs véhicules polluants.

Un passionné de voitures

Pour la patronne de GM, la valorisation astronomique de start-up du secteur qui n'ont parfois rien vendu montre bien que son groupe, qui a prévu d'investir plus de 35 milliards dans les véhicules électriques et autonomes d'ici 2025, est "complètement sous-valorisé". "Cela me motive à travailler encore plus", a assuré Mary Barra lors d'une conférence mercredi.

Mais si les géants automobiles ont tous récemment engagé une transition vers l'électrique, celle-ci ne sera pas instantanée. Avec Rivian, "les investisseurs ont sous la main un acteur purement électrique", remarque Gregori Volokhine.

Le groupe se démarque aussi d'autres start-up à l'avenir plus hypothétique, affirme Karl Brauer, analyste du site spécialisé iseecars.com. Son fondateur, Robert Scaringe, un passionné de voitures qui a monté l'entreprise dès la sortie de ses études, "a choisi intelligemment son entourage", avec de fins connaisseurs du secteur automobile, estime-t-il.

Du design à l'intérieur en passant par les options innovantes, ses produits sont convaincants, estime par ailleurs l'analyste qui a lui-même pu tester le pick-up R1T du groupe. Son prix élevé d'au moins 67.500 dollars ne devrait pas l'empêcher de trouver son public, comme Tesla a su viser le marché haut de gamme.

Surtout, ajoute Karl Brauer, Rivian a su nouer des partenariats essentiels avec Amazon et Ford. En plus de détenir environ un cinquième de l'entreprise, Amazon a passé une méga commande de 100.000 camionnettes de livraison d'ici 2030. Ford détient pour sa part environ 12% des actions de Rivian et a tout intérêt à les faire fructifier.

"Il est tout à fait possible que Ford décide, dans deux mois ou dans deux ans, de mettre son réseau de concessionnaires à la disposition des clients de Rivian", avance Karl Brauer en soulignant que le service après-vente est généralement un point faible chez les start-up automobiles.

Pour Jay Ritter, spécialiste des entrées à Bourse à l'université de Floride, l'enthousiasme d'investisseurs capables de débourser autant pour une entreprise qui n'a pas encore fait ses preuves sur un secteur nécessitant habituellement de gros moyens, est néanmoins "surprenant". Mais avec l'argent récupéré, Rivian va pouvoir "embaucher des ingénieurs, accélérer la production" et rapidement monter en puissance, remarque-t-il.

(Avec AFP)

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