Les amateurs de pick-up américains s’avouent quelque peu déçus par les formes simplistes et le visage anonyme du tout nouveau Ford Maverick, modèle intermédiaire fraîchement introduit en Amérique du Nord. Le Maverick ne partage ni le sens du spectacle de son grand frère F-150 ni le registre baroudeur du Ranger 4x4. A croire qu’il n’appartient pas à la même fratrie.
Forcément, ces mêmes amateurs redoutaient que le remplaçant du Ranger n’adopte la même allure générique que le Maverick. La révélation ce matin, 24 novembre, des premiers clichés officiels devrait les rassurer : cette nouvelle mouture du champion européen du marché du pick-up (avec 39,9 % de parts de marché) affiche un caractère bien trempé. Et c’est heureux, car le Ranger va devoir apprendre à composer avec un rival pour le moins envahissant.
Conçu et dessiné en Australie, le Ford Ranger prêtera ses fondements au Volkswagen Amarok
Le prochain Volkswagen Amarok sera en effet construit sur la base du nouveau Ranger, conformément aux termes d’un accord de coopération industrielle qui attribue à la Ford la conception comme la fabrication des Amarok et Ranger, en échange de l’accès à la plateforme MEB pour voitures électriques conçue par le Groupe Volkswagen. Quant au tout nouveau Ford Transit Connect, il est issu du clonage du Volkswagen Caddy.
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Œuvrant sous cette contrainte, les designers de Ford ont visiblement pris soin de concentrer les éléments caractéristiques de l’identité du Ranger sur des parties amovibles de la carrosserie. Il reste à voir comment leurs homologues de chez Volkswagen se joueront de la difficulté, mais il y a fort à parier qu’ils dessineront leurs propres capot, ailes, calandre et bouclier. Sans oublier le hayon, où chacun des partenaires aura à cœur de mettre en scène le nom de sa marque.
Le Ford Ranger est distribué dans plus de 180 pays : un vrai véhicule à vocation universelle
Si Ford et Volkswagen tiennent à différencier si nettement leurs deux pick-up, c’est en raison de l’importance des enjeux industriels, financiers et commerciaux. Le marché du pick-up “1 tonne” constitue en effet l’un des ultimes refuges pour l’automobile à vocation mondiale — celle qui peut être commercialisée sur tous les continents, moyennant de menus aménagements. La clé d’une belle rentabilité.
De fait, Ford laisse entendre que la variante nord-américaine du Ford Ranger attendue au printemps 2022 ressemblera trait pour trait à celle qu’il vient de présenter en Europe : même châssis, même carrosserie et mêmes motorisations. Une exception pourrait concerner le V6 turbo Diesel qui vient chapeauter l’offre au lancement, en Europe.
Ce moteur Ford de 3 litres de cylindrée servira à renforcer l’attrait du Ranger sur la tranche haute du marché, où le pick-up s’embourgeoise pour assurer le rôle de véhicule principal du foyer. Sans surprise, cette frange de la clientèle préfère la variante à double cabine, dont 78 % étaient commandés dans les finitions les plus huppées — et les plus rémunératrices — Wildtrak et Raptor (données Ford pour le premier semestre 2021).
Ford promet un Ranger plus confortable, mieux insonorisé et toujours plus connecté
Preuve que le Ranger s’est départi de sa vocation strictement utilitaire, des éditions spéciales suréquipées sont venues soutenir ses ventes en fin de carrière, à la manière d’un véhicule de tourisme. En janvier 2021, Ford faisait ainsi appel au préparateur MS-RT pour donner au Ranger un air de ressemblance avec son grand frère, le F-150 Raptor. Un peu plus tard, en avril, Ford annonçait deux séries limitées baptisées Ranger Stormtrak et Wolftrak : un levier bien connu pour effacer les rides, écouler les stocks et faire patienter la clientèle jusqu’à la relève.
Pour encourager la montée en gamme du Ranger, Ford multiplie les petites attentions et les astuces d’aménagement. La planche de bord se rapproche insensiblement des codes en usage dans le monde du SUV, sans se départir pour autant de cette esthétique rectiligne qui caractérise les Ford F-150 et Ford Bronco. Signe des temps, les compteurs à aiguille cèdent la place à une dalle à cristaux liquides. Quant au vaste écran tactile central (de 12 ou de 10,1 pouces), il intègre l’inévitable système d’infodivertissement Ford SYNC : associé à l’application pour mobiles FordPass, il autorise entre autres le déverrouillage des portes et le démarrage à distance.
Le pick-up Ford Ranger s'étire et s’élargit de 5 centimètres
Malgré ce raffinement évident, le Ford Ranger s’emploie à faire la démonstration de sa robustesse et de sa longévité, deux qualités essentielles aux yeux de l’immense majorité de ses acheteurs. Le constructeur conteste la rumeur selon laquelle la nouvelle carrosserie cacherait le châssis du précédent Ranger, en soulignant l’accroissement de la cote d’empattement (+ 5 cm), ainsi que l’amincissement des brancards, grâce au recours à la technique de l’emboutissage par hydroformage. Les voies et la benne ont été élargis de cinq centimètres, eux aussi.
Même les capacités de franchissement du Ford Ranger hors-piste ont été améliorées, notamment par la réduction du porte-à-faux avant (essieu avancé de 5 cm). La conduite en tout-terrain est facilitée par l’affichage sur l’écran central de l'angle de braquage des roues, des valeurs de tangage et de roulis du véhicule.
Au gros V6 3 litres, les artisans, agriculteurs et gestionnaires de flottes de véhicules d’entreprise préfèreront vraisemblablement l’une ou l’autre des variantes du 4-cylindres en ligne 2.0 Diesel, proposé avec un seul ou deux turbocompresseurs (valeurs de puissance et de couple non communiquées). Ces professionnels apprécieront à leur juste valeur des astuces aussi simples en apparence que le marchepied aménagé dans le retour du pare-chocs arrière, ou bien la bordure du hayon transformée en établi (avec graduations en millimètres et points d’ancrage pour pinces-étaux).
Un peu de patience est requise de leur part, cependant, car les carnets de commande pour le Ford Ranger — assemblé en Afrique du Sud, en Thaïlande et aux USA — ne seront pas ouverts avant l’automne 2022.
