Une minitaxe carbone pour le trafic des navires marchands a bien du mal à se concrétiser. Débattue lors de la réunion de l’Organisation maritime internationale (OMI), organisée depuis lundi 22 novembre, la faible redevance sur le CO2 émis par les navires ne sera pas approuvée et a été renvoyée à une autre cession. L’agence des Nations unies chargée de réguler un secteur responsable de 3 % du dioxyde de carbone émis l’a reconnu, jeudi, marquant un échec de plus après le maigre bilan de la COP 26 de Glasgow (Ecosse).
L’idée de cette « redevance R&D » avait été lancée en 2019. Les îles Marshall, menacées de submersion, l’ont reprise et proposée à l’OMI, en mars. Elle est soutenue par de nombreux pays, dont la France et des Etats très impliqués dans le transport maritime (Japon, Danemark, Panama, Grèce, Liberia, Royaume-Uni…). Un secteur qui assure l’acheminement de plus de 80 % des produits manufacturés, des minerais et des matières premières dans le monde.
Elle est aussi défendue par l’International Chamber of Shipping (ICS), représentant plus de 80 % des opérateurs du secteur maritime. Ses dirigeants ont souligné, lors des discussions, que le fonds ne mobiliserait pas d’argent public puisqu’il serait financé par l’industrie elle-même. Dans ce secteur, les crédits de la recherche privée ont fortement baissé depuis 2017, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Le temps presse
A 2 dollars par tonne de mazout à très faible teneur en soufre (soit 0,5 % du coût), la redevance rapporterait 5 milliards de dollars (environ 4,5 milliards d’euros), versés à un fonds onusien chargé de financer la recherche et développement sur les carburants et les moteurs de demain. Ce prélèvement mettrait le prix du CO2 à 62 cents la tonne, un niveau à faire sourire sidérurgistes, cimentiers et verriers. Il dépasse aujourd’hui les 70 euros en Europe.
Rien à voir, en tout cas, avec une véritable taxe sur le fioul qui comblerait l’écart de prix avec les carburants plus propres mais plus chers. Selon les calculs d’AP Moller-Maersk et de Trafigura, cités par l’agence Bloomberg, celle-ci se chiffrerait en centaines de milliards pour les transporteurs. Unique, globale et obligatoire, la redevance proposée n’en créerait pas moins un précédent. Il s’agirait, de fait, du premier prix du carbone instauré à l’échelle planétaire, selon la Banque mondiale, qui recense une soixantaine de systèmes de taxation.
Le temps presse, selon l’agence maritime des Nations unies, qui a fixé un objectif : décarboner de 50 % le transport maritime en 2050 (par rapport à 2008). « Si nous ne parvenons pas à trouver un moyen d’accélérer rapidement la R&D, nous risquons de retarder cette décarbonation de plusieurs années », a prévenu Simon Bennett, secrétaire général adjoint de l’ICS. Pour son secrétaire général, Guy Platten, les gouvernements ont une belle occasion de mettre leurs actions en accord avec leurs déclarations de Glasgow.
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