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Pourquoi la directrice générale de Nexity aurait refusé le poste de Première ministre

RENCONTRE - Approchée pour devenir Première ministre, Véronique Bédague, à la tête du promoteur immobilier Nexity, aurait décliné l'offre. Cette "guerrière" prône un ministère de la Ville de demain et sillonne la France, entre intérêt général et bénéfice des actionnaires. Rencontre.

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Véronique Bédague, directrice générale du promoteur immobilier Nexity. 

D. Grenon/Photo12/AFP

Un article dans Le Parisien, le 29 avril dernier, l'a brusquement mise en lumière. La directrice générale de Nexity, Véronique Bédague, presque inconnue au bataillon, aurait été "approchée" pour devenir Première ministre. Plus sidérant encore, selon Le Canard enchaîné, elle aurait "décliné l'offre". Le rendez-vous à déjeuner dans une brasserie à deux pas de la rédaction de Challenges a en tout cas été confirmé. On retrouve donc Véronique Bédague ce 5 mai autour d'une fondue de Saint-Jacques avec un verre de blanc. Autant attaquer tout de suite.

"Un vrai sacrifice"

Selon la formule consacrée, elle ne confirme ni n'infirme l'information de nos confrères. Mais il est certain qu'elle n'ira pas à Matignon, maison qu'elle connaît bien, pour avoir dirigé le cabinet de Manuel Valls d'avril 2014 à décembre 2016. Première clé livrée par l'épouse et mère de famille: "J'ai beaucoup donné, c'était un vrai sacrifice." Ensuite, il y a la surexposition: "Je ne suis pas une femme publique, je n'aime pas ça." Bref, contrairement à ce qu'affirmait récemment Ségolène Royal, Matignon peut se refuser. Au sein de Nexity, cet épisode a "secoué en interne", et la patronne opérationnelle du premier promoteur immobilier français a envoyé un message clair et net à ses troupes pour calmer les esprits: "Je suis à Nexity et j'y reste comme directrice générale."

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La volubile énarque, qui ne renie pas le qualificatif de "guerrière" dont l'avait jadis affublée Bertrand Delanoë -elle dirigeait alors les finances de Paris-, a l'intention de se battre pour la "boîte extraordinaire" qu'elle ne dirige que depuis mars 2021. Elle a fait la connaissance de son charismatique fondateur, Alain Dinin, alors qu'elle se préparait à faire ses cartons à Matignon. "C'était en novembre 2017, il pleuvait à verse, je voyais beaucoup de patrons du privé, avec lui je suis resté deux heures et demie." Elle s'accorde une semaine aux Maldives en famille, et dans le taxi, de retour de l'aéroport, Alain Dinin la relance et lui réclame une réponse. La quinquagénaire devient secrétaire générale du groupe, avant d'en prendre la direction dans des circonstances dramatiques, après la mort de son prédécesseur Jean-Philippe Ruggieri, victime du Covid en avril 2020. Dans l'urgence, Alain Dinin rempile, fait la transition avant de lui confier officiellement les rênes.

Lui, le président, et elle, se parlent tous les jours 

Lui, le président, et elle, l'opérationnelle, se parlent tous les jours et sillonnent la France pour phosphorer, lancer des programmes, aller à la rencontre d'élus et de clients institutionnels ou particuliers. Il y a quelques jours, elle était au Havre sur les terres de son ami Edouard Philippe pour inaugurer une caserne de pompiers réhabilitée en logements. Une fierté parmi d'autres. Il y a aussi ces quartiers nouveaux réalisés avec l'architecte et urbaniste Roland Castro, "beaux et bien conçus, où les gens sont bien". Elle aime ce métier de constructeur "dur et exigeant, qui permet de changer la vie des gens". Changer la ville aussi, son dada. Elle a publié dans Le Journal du Dimanche une tribune plaidant pour remplacer le ministère du Logement par un ministère régalien de la Ville de demain. Et ce, le 16 avril, entre les deux tours de la présidentielle. Tiens, tiens…

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"Ça va péter" pour se loger

Au sein de Nexity, la "guerrière" se bat pour construire, réhabiliter. Sans doute pour servir l'actionnaire, mais aussi l'intérêt général: "Il y a 4 millions de mal logés dans ce pays, 2 millions de demandes de logements sociaux. Et puis, c'est mathématique, il y aura 2 millions de personnes de plus à loger dans vingt ans et les foyers seront constitués en moyenne de deux personnes, il faudra beaucoup plus de logements." Un sujet trop techno et compliqué pour les politiques en campagne, et un point noir du précédent quinquennat.

Les maires ne cessent de refuser des permis de construire et la loi contraint de plus en plus les nouveaux projets, notamment au nom de l'encadrement des "zones d'artificialisation". Les promoteurs, eux, continuent de traîner une image de bétonneur, alors que les Français rêvent de se loger sans trop se ruiner, quand ils le peuvent. Avis à celui qui acceptera le job à Matignon: sachant qu'il s'agit là de la principale dépense contrainte, en y ajoutant le prix du chauffage qui flambe, "ça va péter". Les amateurs de Bédague et ceux qui veulent faire connaissance de l'ex-future Première ministre peuvent la retrouver à l'assemblée générale de Nexity ce 18 mai au Pavillon Gabriel à Paris. Elle sera bien sûr au côté de son seul président, Alain Dinin.

Making of 

Quatre journalistes de Challenges étaient au rendez-vous chez Thoumieux (Paris VIIe) pour discuter avec la patronne opérationnelle de Nexity, flanquée de deux communicantes. Pour ne pas l'effrayer, nous nous sommes privées ce jour-là, des services d'un photographe. Elle n'aime pas la lumière. 

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