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Energie

Les énergéticiens européens face à une réduction du gaz russe

Le groupe pétrolier et gazier russe réduit ses livraisons de gaz vers l'Europe. Une décision calculée qui répond aux accusations des pays européens contre la Russie dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine.

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GAZPROM EN ALLEMAGNE VA RESPECTER SES CONTRATS MALGRÉ LES SANCTIONS

Le groupe pétrogazier russe va réduire ses livraisons de gaz à plusieurs groupes européens. 

FABRIZIO BENSCH

Le géant russe Gazprom, qui a réduit ces derniers jours ses livraisons de gaz vers l'Allemagne et l'Italie, a fait également savoir ce jeudi 16 juin qu'il allait fournir moins de gaz au groupe français Engie et à l'autrichien OMV. "Nous constatons effectivement une réduction des livraisons et nous suivons cette situation avec attention, qui n'a pas d'impact sur l'approvisionnement de nos clients", a déclaré un porte-parole d'Engie à l'AFP. L'énergéticien autrichien assure aussi que "en cas de nécessité, étant donné qu'il y a actuellement une demande nettement plus faible, ces volumes peuvent être remplacés par des volumes stockés et des volumes du marché au comptant".

Le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, a défendu jeudi les choix de son groupe, qui ne cesse de baisser ses livraisons à l'Europe dans le contexte de l'offensive russe en Ukraine et des sanctions occidentales contre Moscou. "Notre produit, nos règles. Nous ne jouons pas selon des règles que nous n'avons pas faites", a déclaré M. Miller lors du forum économique de Saint-Pétersbourg.

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Les réductions de livraisons ont encore tiré les prix du gaz à la hausse ce jeudi 16. le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, évoluait à 134,300 euros le mégawattheure (MWh), encaissant une augmentation de son prix de 60% depuis le lundi 13 juin. Le gaz britannique évoluait quant à lui à 282,00 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur), après un pic à 315,07 pence, prenant plus de 88% sur trois jours.

L'italie très dépendante du gaz russe

Gazprom avait déjà réduit, mardi 14 juin, de plus de 40% sa capacité quotidienne de livraison de gaz vers l'Allemagne et diminué de 15% ses livraisons de gaz au groupe italien Eni pour la journée du mercredi 15 juin avant d'annoncer qu'il ne lui livrerait que 65% des quantités réclamées ce jeudi 16.

"Face à une demande journalière de gaz de la part d'Eni supérieure d'environ 44% à celle d'hier, une hausse due à la récupération des quantités non reçues et aux dynamiques commerciales normales, Gazprom a annoncé que seulement 65% des volumes demandés seront livrés", a précisé Eni dans un communiqué. Les quantités de gaz livrées seront donc "légèrement supérieures" à celles de mercredi et atteindront un niveau d'environ 32 millions de m3 par jour, a ajouté Eni. Une situation qui reste inquiétante pour l'Italie puisque le pays est très dépendant du gaz russe. Il importe 95% du gaz qu'il consomme, dont environ 40% provenaient de la Russie en 2021.

Vengeance de Gazprom

Pour justifier ces coupes, Gazprom affirme avoir été forcé d'arrêter un équipement du groupe allemand Siemens présent sur le gazoduc, mais Berlin, principal consommateur de gaz russe dans l'UE, dénonce une "décision politique" et un "prétexte" de Moscou, dans un contexte de vives tensions avec les pays occidentaux à cause du conflit en Ukraine. Mario Draghi, le chef du gouvernement italien a aussi exprimé son mécontentement en accusant Gazprom de "mensonges" ce jeudi 16 juin. "Il y a en fait une utilisation politique du gaz, tout comme il y a une utilisation politique du blé [...] Cela a des conséquences, non pas immédiatement sur la consommation, mais sur le stockage" a-t-il rétorqué lors d'une conférence de presse.

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Les exportations de gaz russe vers l'Europe sont en baisse constante depuis le début des sanctions contre la Russie. Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens qui ont refusé de payer en roubles. Environ la moitié des entreprises étrangères qui ont conclu un contrat de fourniture de gaz avec Gazprom ont ouvert un compte en roubles auprès de Gazprombank pour honorer leurs paiements, avait assuré à la mi-mai le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, cité par Ria Novosti. Le géant énergétique italien ENI, contrôlé à 30,3% par l'Etat, avait ainsi ouvert un compte en euros et un autre en roubles auprès de Gazprombank afin de régler ses paiements de fourniture de gaz russe à la fin du mois de mai, se pliant ainsi aux exigences de Moscou. Le paiement a été fait en euros, selon le groupe.

Pour l'instant les revenus de la Russie n'ont eux pas été affectés, du fait de l'envolée des prix du gaz. Le Kremlin n'a de cesse d'affirmer dès lors que les décisions des dirigeants européens touchent avant tout leurs propres populations.

(Avec AFP)

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