AMÉRIQUES © The Economist
Un président qui se vante de gérer les richesses du pays depuis son smartphone n’inspire guère confiance. D’autant moins dans un Etat surendetté, et moins encore quand ledit président investit dans le bitcoin. Bienvenue au Salvador, où, il y a un an, le président Nayib Bukele a fait de cette cryptodevise la monnaie légale, à égalité avec le dollar. La plupart des adultes ont téléchargé le portemonnaie numérique Chivo, que le gouvernement a promu en offrant l’équivalent de 30 dollars en bitcoins à ses utilisateurs, mais moins de la moitié ont continué à l’utiliser une fois cette cagnotte dépensée. Côté entreprises, moins d’une sur cinq se plie à l’injonction de l’accepter. Le bitcoin est bien trop volatil. Que le président ait choisi d’en faire une monnaie officielle en dit long sur son style de leadership. Depuis son entrée en fonction comme "dictateur le plus cool du monde", selon ses propres termes, il gère son pays de 6,5 millions d’habitants comme son fief privé. "La décision sur le bitcoin n’a fait l'objet d'aucun débat", rappelle Claudia Ortiz, une personnalité de l'opposition.