Challenges : Comment Valeo aborde la transition écologique ?
Christophe Périllat - Nous avons pris l’engagement d’une neutralité carbone de nos activités en 2050. Mais comme c’est loin, nous nous sommes donnés des objectifs pour 2030 : une réduction de nos émissions de 45 %, à la fois dans nos process (- 75 %) et dans l’usage de nos produits (- 15 %). C’est un axe essentiel, qui mobilise à la fois nos directions d’usines et notre R&D à laquelle il revient d’imaginer et désigner les produits de demain.
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Ces produits seront-ils plus cher ?
Il ne faut pas se leurrer : un véhicule électrique coûte plus cher qu’un véhicule à combustion ; l’acier ou l’aluminium "vert" coûte plus cher que l’acier ou l’aluminium "gris". Globalement, la transition écologique ne sera pas un facteur de pouvoir d’achat supplémentaire mais une source d’inflation structurelle. Ce n’est pourtant pas une raison pour ne pas la faire.
Alors à quel rythme ?
Aujourd’hui, le transport routier est responsable de 18 % des émissions de CO2 dans le monde – 12 % pour les véhicules particuliers, 6 % pour les poids lourds. Il n’y a pas un instant à perdre. Et il faut aller vite également parce que l’industrie chinoise est à fond : 18 % des ventes de voitures en Chine, premier marché mondial, sont déjà électriques. Va-t-on laisser la Chine produire une voiture électrique sur deux ? C’est aussi une affaire de souveraineté.
Certains industriels regrettent le choix du tout électrique : partagez-vous leurs craintes ?
Il faut aller vers l’électrification totale le plus vite possible. Oui, ce sera compliquée car il y a plein d’obstacles : la nécessité de disposer d’électricité verte, la surconsommation de certaines matières premières, le problème des stations de recharge… Mais aucun de ces obstacles n’est suffisamment important pour que l’on ne souscrive pas à cette obligation : il faut décarboner
Il y a aussi le risque de pertes d’emplois…
Est-ce une raison pour ne pas le faire ? A Valeo, nous avons un plan pour passer de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires aujourd’hui à 27,5 milliards programmés pour 2025. La question des emplois n’est donc pas un sujet pour nous car nous avons précisément choisi depuis longtemps, depuis l’invention du "Stop & Start" au début des années 2000, d’investir et d’élargir notre gamme sur tout ce qui économise l’énergie. Et nous avons constamment accéléré
En pariant sur quelles technologies aujourd’hui ?
L’axe essentiel pour nous, c’est d’imaginer une mobilité décarbonée avec des technologies abordables : 100 % de nos efforts dans la chaîne de traction sont aujourd’hui consacrés au moteur électrique, mais cela va bien au-delà.
Par exemple dans la boucle thermique qui est un des métiers de Valeo : il faut faire du chaud, alors que jusqu’ici la chaleur était un sous-produit du moteur à combustion. Songez qu’aujourd’hui avec un véhicule électrique, chauffer l’habitacle, quand il fait – 7° dehors, cela réduit de moitié l’autonomie ! Ce n’est pas acceptable, et la solution, c’est d’imaginer une forme de pompe à chaleur adaptée à l’automobile. Nous le faisons !
Comment se décline le concept de sobriété à Valeo ?
Auparavant, quand on cherchait à réduire la consommation d’énergie, c’était uniquement avec l’objectif de réduire les coûts. Tout investissement devait évidemment produire son retour financier. Aujourd’hui, nous avons programmé 400 millions d’investissements d’euros sur une période de 10 ans non pas simplement sur la base de leur retour financier, mais parce qu’ils permettent une réduction des émissions de CO2. C’est un nouveau critère de choix.
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