Les fins d’année sont souvent le théâtre de conflits sociaux, notamment dans le transport aérien. En effet, l’activité d’Air France et d’easyJet, les deux plus importantes compagnies aériennes en France, pourrait bien être perturbée par deux grèves.
Au sein d’Air France, ce sont le Syndicat des navigants du groupe Air France (SNGAF) et l’Union nationale des navigants de l’aviation civile (UNAC) qui ont allumé la mèche. Deux syndicats, qui sont, au moins pour quelques mois encore, les premières organisations des personnels navigants commerciaux (PNC) de la compagnie aérienne, ont déposé un préavis de grève qui court du 22 décembre au 2 janvier 2023. Soit la totalité des congés de fin d’année.
Les deux syndicats ne décolèrent pas depuis que l’accord collectif des PNC d’Air France est arrivé à échéance le 31 octobre sans avoir été reconduit. Depuis cette date, l’activité des PNC, c’est-à-dire leurs conditions de travail et de rémunérations, est simplement régie par « une note unilatérale » rédigée par la direction. Une protection bien trop mince pour l’UNAC. « La crainte que nous éprouvons c’est que la note de la direction soit modifiée sans notre aval », explique Anne Vildy-Sarocchi, secrétaire générale de l’UNAC.
Cette dernière ne comprend pas pourquoi la direction se refuse à reconduire l’accord collectif alors que ce serait « à coût zéro » pour la compagnie. Elle redoute que la direction tente « d’endormir » les PNC, qui pourraient se dire que finalement « ils n’ont pas besoin d’un accord collectif » car leur situation n’a pas changé avec la note unilatérale. L’UNAC se dit très « déterminée à aller au conflit si l’entreprise ne revient pas vers [eux] » pour reconduire l’accord collectif.
Vide juridique
La mobilisation engagée par l’UNAC et le SNGAF ne semble pas du goût des autres organisations de PNC, notamment le Syndicat national des personnels navigants commerciaux (SNPNC) et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Avec une certaine malice, Christelle Auster, présidente du SNPNC, rappelle « qu’ils demandent le maintien d’un accord collectif dont ils n’étaient pourtant pas signataires ». Surtout, la syndicaliste met avant que Ben Smith et Anne Rigail, respectivement, directeur général d’Air France-KLM et directrice générale d’Air France, « ont pris l’engagement par écrit de ne pas toucher à la note unilatérale avant qu’un nouvel accord collectif ne soit conclu ».
Les syndicats ne veulent pas que la direction profite de ce vide juridique pour, notamment, imposer son projet qui prévoit d’augmenter le nombre de passagers par PNC dans un avion. Aujourd’hui fixé à 48 passagers par hôtesse ou steward lors des vols long-courrier, Air France avait souhaité remonter ce seuil à 51 passagers. Une proposition pour l’instant « repoussée », reconnaît l’UNAC.
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